« On donne le nom de TEMPS PASCAL à cette période de semaines qui s’étend du dimanche de Pâques au samedi après la Pentecôte. Cette portion de l’ANNEE LITURGIQUE en est la plus sacrée, celle vers laquelle converge le Cycle tout entier. »
Vous n’êtes pas sans savoir que la fête de Pâques a reçu de la plus haute antiquité le nom de SOLENNITE des SOLENNITES « en la manière, dit le Pape St Grégoire le Grand, que le sanctuaire le plus auguste était appelé le Saint des Saints ». Cette forme du langage marque en effet une supériorité absolue de la chose ainsi dénommée.
Les raisons en sont faciles à comprendre. Dom Guéranger les énumère avec un beau lyrisme spirituel. « C’est en effet, au jour de Pâques que la mission du Verbe Incarné obtient l’effet vers lequel elle n’a fait que tendre jusqu’ici ; c’est au jour de Pâques que le genre humain est relevé de sa chute, et rentre en possession de tout ce qu’il avait perdu par le péché d’Adam. Noël nous avait donné un Homme-Dieu ; au Vendredi-Saint, nous avons recueilli son sang d’un prix infini pour notre rançon ; mais au jour de Pâques, ce n’est plus une victime immolée et vaincue par la mort que nous avons sous les yeux ; c’est un vainqueur qui anéantit la mort, fille du péché, et proclame la vie, la vie immortelle qu’il nous a conquise. Ce n’est plus l’humilité des langes, ce ne sont plus les douleurs de l’agonie et de la Croix ; c’est la Gloire d’abord pour lui, ensuite pour nous. »
C’est à bon droit que le même auteur fait remarquer que ce n’est pas n’importe quel jour que Jésus est ressuscité. C’est le premier jour de la Semaine, de cette semaine que les Juifs terminaient par le repos sacré du Sabbat, en l’honneur de Dieu qui, au récit de la création, nous est présenté dans la Sainte Ecriture, se reposant le septième jour. Or « au commencement … Dieu dit : Que la lumière soit … et ce fut le premier jour »
Cette parole de Dieu, par laquelle il a tout créé est une parole substantielle : l’Ecriture nous le dit, St Jean en particulier : Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui. Ainsi le Verbe qui s’incarnerait et serait appelé JESUS, commence l’œuvre de la Création avec son Père « en appelant la lumière du sein du chaos, et en la séparant des ténèbres, inaugure ainsi le premier des jours. » Quelle merveilleuse continuité dans l’œuvre de Dieu !
La résurrection du Christ au 1er jour de la semaine porterait un coup fatal à la Pâque Juive fixée, elle, irrévocablement au 14 de la lune de Mars, anniversaire de la sortie d’Egypte. Cette Pâque n’était qu’une figure, la Pâque des chrétiens était la réalité. Les Apôtres eux-mêmes déterminèrent que dorénavant la Pâque ne serait plus au 14 de la lune de Mars mais toujours le dimanche qui suivrait cette date. Ce bouleversement de la tradition juive (qui marquait plus qu’aucune autre innovation la fin de l’Ancienne Alliance) s’appliqua cependant avec prudence dans le monde judaïque. Une résistance active s’organisa en Asie Mineure et il fallut beaucoup de temps pour en venir à bout : vers le milieu du 3ème siècle, semble-t-il.
C’est le Concile de Nicée qui chargea l’évêque d’Alexandrie de faire faire, chaque année, les calculs astronomiques qui aidaient à déterminer le jour précis de Pâques. C’est dans cette ville, en effet, qu’on rencontrait le plus de savants susceptibles de supputer le temps précis.
Cependant au cours des siècles l’imperfection des moyens astronomiques entraîna de fréquentes perturbations dans la manière de supputer le jour de la Pâque. Il fallut attendre le pape Grégoire XIII, au XVIème siècle, qui entreprit et consomma la réforme du calendrier, revenant d’ailleurs à la décision du concile de Nicée, de considérer l’équinoxe de printemps au 21 Mars. Cette réforme ne fut pas accueillie partout : on était en pleine Réforme Protestante : l’Angleterre, et les états luthériens de l’Allemagne préférèrent garder le calendrier fautif longtemps encore…et il en fut de même en Russie.
Le joyeux Alléluia de la Pâque retentit également en ce jour. La page de l’Evangile de Jean d’aujourd’hui souligne que le Ressuscité, le soir de ce jour, apparut aux Apôtres et “leur montra ses mains et son côté” (Jn 20, 20), c’est-à-dire les signes de la passion douloureuse imprimés de façon indélébile sur son corps, également après la résurrection. Ces plaies glorieuses, qu’il fit toucher huit jours plus tard à Thomas, incrédule, révèlent la miséricorde de Dieu, qui “a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique” (Jn 3, 16).
Ce mystère d’amour se trouve au centre de la liturgie d’aujourd’hui du Dimanche in Albis, dédié au culte de la Divine Miséricorde.
Le Seigneur ressuscité offre en don à l’humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, par l’égoïsme et par la peur, son amour qui pardonne, qui réconcilie et ouvre à nouveau l’âme à l’espérance. C’est l’amour qui convertit les cœurs et qui donne la paix. Combien le monde a besoin de compréhension et d’accueillir la Divine Miséricorde!
Seigneur, Vous qui par votre mort et votre résurrection révélez l’amour du Père, nous croyons en Vous et nous vous répétons aujourd’hui avec confiance: Jésus, j’ai confiance en Vous, ayez pitié de nous et du monde entier. Amen