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Pentecôte 2024

   Au temps de la première Pentecôte, les Apôtres ont été, en quelque manière, bousculés par l’Esprit. En effet, ils s’étaient cachés au fond d’une maison. Soudainement, ils entendent un bruit pareil à un violent coup de vent qui est venu les réveiller de leur torpeur. Et puis, des langues de feu se posent sur leur tête. Saisis de la sorte par l’Esprit, ils sortent de leur cachette ; et chacun se met à parler en d’autres langues ; et une grande foule se rassemble pour les écouter parler.

    La venue de l’Esprit a changé complètement l’attitude des Apôtres : il a ranimé le groupe abattu et muet des Douze. Ceux-ci étaient dans un triste état : ils étaient morts de peur et de tristesse, d’incertitudes et d’angoisses ; ils s’étaient réfugiés dans le haut d’une maison. Le refuge dans lequel ils se tenaient cachés était comme un tombeau fermé avec une grosse pierre.

     Mais le Ressuscité fait irruption au milieu d’eux, et il leur insuffle l’Esprit de Dieu, qui est un souffle créateur… qui ressuscite et ranime… L’effet est immédiat. Les témoins du Ressuscité sortent de leur maison-tombeau et répandent à leur tour le souffle reçu. Ce vent et ce feu étaient si puissants qu’ils sont parvenus jusqu’à nous qui vivons plus de 2000 ans plus tard.

     Ces signes de l’Esprit, que sont le vent et le feu, nous disent la mission qu’il vient faire dans nos cœurs. Le vent et le feu nous disent la façon d’agir de l’Esprit, sa façon de travailler.  Le vent a deux visages : d’abord, on le reconnaît à ses effets, il secoue, il pousse, il donne de l’élan et de la vigueur, il fait bouger. Cette partie-là du signe, je pense que tous sont prêts à l’accepter ; tous sont fiers d’avoir une énergie nouvelle pour accomplir des choses. Mais le vent a aussi une autre face, plus énigmatique : le vent, on ne peut pas le voir, on ne peut pas l’attraper ni le contrôler, on ne peut pas le saisir ; le vent nous échappe si on essaie de mettre la main dessus ; il file entre les doigts. Et c’est probablement à cause de cette deuxième facette mystérieuse et cachée de l’Esprit qu’on n’a pas beaucoup de dévotion envers lui.

     On peut dire la même chose du feu. Si le vent donne de l’élan, le feu donne de la chaleur et de l’ardeur ; il donne de la passion et de la conviction intérieure. Mais, de même aussi, on ne peut saisir le feu… pour être un chrétien véritable, il faut accepter les deux visages de l’Esprit dans sa vie : accepter son grand souffle de vie et de vigueur, sa passion et sa conviction, sans essayer de l’attraper ni de le contrôler.

     Une fois qu’on accepte de faire de la place à l’Esprit Saint dans notre vie, à partir de ce moment-là tout devient possible, car il est le Maître de l’impossible.

     S’il n’y a pas plus de joie, d’amour et de paix dans notre monde, ce n’est pas par manque d’une source de vie, de paix et de joie, c’est à cause de notre résistance à laisser l’Esprit agir en nous et dans notre monde.

   L’Evangile insiste sur cette nécessité absolue de demeurer dans l’amour du Christ. Il nous rappelle le lien profond entre cet amour que nous devons avoir pour le Christ et celui de nos frères : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements ».  Son commandement, nous le connaissons, c’est de nous aimer les uns les autres. L’amour de Dieu et l’amour des autres sont inséparables. On peut même dire que notre amour pour Dieu se mesure à la qualité de celui que nous avons pour nos frères. « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? » (Jean 4. 20)

     L’Evangile de Saint Jean nous dit aussi que l’Esprit Saint est un « défenseur ». Nous en avons bien besoin, mais pas devant Dieu car Dieu est amour. Nous n’avons donc pas à avoir peur de Dieu. Si nous avons besoin d’un défenseur, d’un avocat, c’est devant nous-mêmes, devant nos réticences à nous mettre au service des autres. Souvent nous disons : « Je ne suis pas capable… je suis trop jeune… ou trop vieux… » Le défenseur est là pour plaider en nous la cause des autres. C’est nous qu’il vient défendre. C’est à nous de nous laisser modeler tout au long de notre vie à l’image de Dieu.

   L’Esprit Saint nous assure la présence de Jésus au milieu des siens. Après l’Ascension, Jésus ne se retire pas de l’histoire de l’humanité. Il instaure un nouveau mode de présence. Il est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

   Rendons grâce à Dieu notre Père aujourd’hui pour le don de l’Esprit. Remercions-le pour sa force et sa douceur, pour son énergie et sa discrétion, pour tout ce qu’il réalise en nous, dans l’Église et partout dans notre monde. Amen

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