« Le cycle de l’année nous a ramené les joies bienheureuses du jour où l’Esprit Paraclet a envahi les Apôtres. Le feu à l’éclat vibrant a pris forme de langues pour qu’ils fussent abondants en paroles et brûlants de charité ».

    Ainsi s’exprime l’hymne des Laudes de notre grande fête de Pentecôte dans ses deux premières strophes. On peut dire que la Pentecôte est la fête des prodiges. Comme on comprend alors pourquoi Jésus avait instamment recommandé à ses Apôtres de ne pas s’éloigner de Jérusalem avant d’avoir reçu la promesse que le Père du Ciel leur avait faite par sa bouche (par ma bouche, leur dit-il).

   Les strophes de l’hymne nous mettent en présence de deux faits bien constatés : l’un par les Apôtres directement, l’autre par la foule qui accourt à la maison où ils sont réunis.

   La présence du Saint-Esprit, son arrivée soudaine est manifestée aux saints Apôtres par un feu éclatant : il sera question tout au long de la semaine de cette lumière dont il est dit : « Le feu divin est venu non pour brûler mais pour éclairer, non pour consumer mais pour briller et il a trouvé dans les cœurs des disciples des demeures pures. »

   Voilà une première remarque d’importance pour nous. Car quand nous avons reçu, pour la première fois, le Saint-Esprit à notre baptême, il a fallu préparer sa demeure. Le prêtre s’est alors penché sur nous, il a soufflé sur notre visage et il a dit « Vas t’en esprit impur : il s’adressait alors au démon qui avait mis la main sur nous par le péché originel – et il continuait ; et laisse la place à l’Esprit Saint. »

   Il n’est pas étonnant alors qu’on ait appelé le Baptême, l’illumination. Le Saint-Esprit est venu aussi à nous pour éclairer. Nous en tirerons une première conséquence : ainsi pénétrés de lumière nous avons à la dispenser autour de nous : Notre Seigneur nous en a donné le précepte : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes ». Et personne d’entre nous ne pourra en nier l’urgence en ces temps où des ténèbres épaisses se sont abattues sur notre monde contemporain.

   Jamais on n’a tant dépensé de lumières sous toutes les formes pour des gens qu’étouffent la nuit du péché, du mensonge et de l’ignorance religieuse. Alors Seigneur qu’allons-nous faire puisque ce matin nous vous disons « O Dieu qui aujourd’hui avez instruit les cœurs de vos fidèles par l’illumination du Saint-Esprit… »

   L’autre remarque qui doit être faite, on la retrouve de multiples fois : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils commencèrent à parler » Le Feu a pris la forme de langues pour qu’ils fussent abondants en paroles (nous disais l’hymne que je vous citais en commençant). On dit parfois que trop parler nuit – mais les Apôtres qui n’avaient que si peu parlé jusqu’à présent, vont faire un usage débordant du don qui vient de leur être concédé. Jésus leur avait annoncé qu’ils seraient ses témoins partout jusqu’aux extrémités de la terre. Un témoin muet cela n’existe pas : un témoin est fait pour parler. Les disciples de Jésus parlèrent et ils parlèrent si bien que 3000 personnes leur demandaient le baptême après leur premier discours.

« C’est donc de la lumière du Père         
qu’est nourrit ce feu magnifique,            
qui remplit de la chaleur du Verbe         
les cœurs fidèles au Christ.

Au souffle de l’Esprit-Saint,        
ils sont intérieurement comblés de joie ,
ils répandent des paroles diverses,        
ils publient les merveilles de Dieu. » (Hymne des Matines). Amen