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Dimanche après l’Ascension 2023

   Un grand poète indien, Tagore, raconte cette légende : Un pauvre parcourt interminablement les sentiers brûlés par le soleil. Il va de porte en porte mendier sa nourriture. Et les gens lui donnent un peu de blé. À la fin du jour, le petit sac de toile qu’il tient à la main est médiocrement rempli.

      Or voilà que son cœur se met à battre très fort. Il aperçoit, dans un nuage de poussière, quatre chevaux qui tiraient un carrosse : « Ah ! Si ce prince allait s’arrêter ! S’il me donnait une pièce d’or ! »

      Et les chevaux ralentissent, s’arrêtent. La porte du carrosse s’entrouvre. Le roi au regard plein de bonté fait signe au mendiant de s’approcher et lui dit : « Donne-moi ton blé ». Le malheureux, déconcerté, hésite, puis retire un grain de blé de son petit sac. L’attelage repart laissant le pauvre découragé. Mais le soir, en vidant son sac de blé dans un bol, quelle ne fut pas sa surprise d’apercevoir un petit grain d’or ! Alors il s’écrie : « Ah si seulement j’avais consenti à lui donner mon tout ! »

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 À la messe, le Seigneur nous demande à nous aussi de lui donner notre blé, quelque chose de notre « pain quotidien », de notre vie quotidienne. C’est ce que représente l’hostie offerte par le prêtre.

      Mais, dites-moi, quand nous venons à la messe, qu’est-ce que nous offrons réellement ? Est-ce que nous pensons à confier à Dieu quelque chose de notre vie ? Car ce pain offert à la messe représente d’abord tout l’univers qui est nécessaire à la croissance du grain en terre. Il symbolise aussi le travail des cultivateurs, des meuniers, de boulangers qui l’ont transformé. Il représente surtout notre travail, la vie de chacun de nous… ce que nous appelons notre « pain quotidien », notre vie quotidienne tissée de nos joies, de nos peines, de nos labeurs, de nos amours.

      Mais pourquoi apportons-nous quelque chose de notre vie quotidienne à chaque messe, en offrant le pain ? Eh bien ! Pour que Dieu transforme ce pain quotidien en sa propre vie. Pour que ces grains de blé – comme dans le conte de Tagore – deviennent précieux comme de l’or… Pour que notre « pain quotidien » soit transformé, transfiguré, habité, divinisé par la présence réelle du Christ. C’est le sens de l’offertoire ! À la communion, Dieu nous redonne ce pain, mais il est habité de la présence réelle du Christ. Quand nous nous nourrissons de ce pain, nous recevons en nous l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus. Alors nous repartons, ayant en nous, non seulement une énergie humaine, mais une véritable énergie divine, pour continuer notre travail, mener à bien nos responsabilités, vivre toute notre vie avec la force de l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus, l’Esprit d’amour.

      Ayons une présence « réelle » à la messe et non pas formelle. Si la messe ne suscite chez certains qu’un ennui résigné, c’est peut-être que ceux-là arrivent à la messe comme des « désœuvrés »… Oui des désœuvrés n’apportant dans leur chair et dans leur cœur presque rien de ce qui fait leur vie.

      La messe, c’est la rencontre de deux présences réelles… la présence réelle du Christ, qui, elle, ne fait aucun doute, et notre présence réelle, qui, elle, est parfois hypothétique. Bien plus, nous communions à la présence réelle du Christ pendant la messe pour devenir nous-mêmes une présence réelle du Christ après la messe. C’est ce que je nous souhaite de vivre. Amen

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