« Ceux qui se trouvaient réunis l’interrogèrent en disant : Seigneur est-ce maintenant que vous rétablirez le Royaume d’Israël »
Même en ce moment suprême voilà que la pensée des auditeurs de Jésus s’égare. Saint Luc nous dit que Jésus avait profité des 40 jours qui suivirent sa Résurrection pour leur parler du Royaume de Dieu. Ah ! ce Royaume, ils en partageaient la nostalgie avec tous leurs compatriotes. Comment ce peuple à l’esprit indépendant pouvait-il supporter d’être depuis des siècles soumis à toutes les occupations étrangères dont la dernière était celle des Romains ? Certains comptaient sur Jésus puissant en œuvres et en paroles. Après la multiplication des pains, ils voulaient l’enlever pour en faire leur roi. Cet espoir subsistait : le matin des Rameaux Jésus avait été acclamé « Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur. » Et quand le soir de Pâques, Jésus ressuscité chemine vers Emmaüs avec deux de ses disciples qui ne l’ont pas encore reconnu (car leurs yeux étaient retenus pour qu’ils ne le reconnussent pas), il les entendaient lui dire en énumérant leurs déceptions devant la crucifixion dont Jésus avait été la victime : Nous espérions que c’était lui qui rachèterait Israël.
Eh bien ! les pauvres apôtres, au matin de l’Ascension, en sont encore restés à ce point. « Est-ce maintenant que vous rétablirez le Royaume d’Israël »
Alors Jésus va répondre avec une sorte de sévérité à cette demande déplacée. « Ce n’est point à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixé de sa propre autorité ». Remarquez bien que Jésus ne repousse pas la possibilité de Jérusalem glorieuse. Israël deviendra chrétien, à la fin des temps. Mais autre chose presse.
« Vous allez recevoir la force du Saint Esprit survenant sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre »
Nous sommes là en présence d’une autrement grande réalité. Jésus impose à ses Apôtres le véritable établissement de son Règne. Ce Règne est appelé à croître pour devenir universel. Il en est du Royaume de Dieu comme le grain de sénevé qui est d’abord une petite plante et qui devient un grand arbre où viennent se nicher tous les oiseaux de la terre.
Ce royaume ne sera pas établi par la force des armes, il sera le fruit d’une parole bien plus puissante. Vous serez mes témoins. « J’ai vécu parmi vous, avec vous, il vous est donc possible de dire ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu, ce qui est le rôle du témoin. »
Il est incontestable que Jésus règne bien mieux par le témoignage de ceux qui croient en lui que par des coups d’éclat qui seraient sans lendemain. Les persécuteurs ne s’y sont pas trompés qui ont toujours cherché à faire renoncer les chrétiens à leur fierté d’appartenir à Jésus. Leurs promesses ou leurs menaces ont recherché ce but. Saint Pierre l’écrira dans sa première épître : « Vous êtes gardés dans la puissance de Dieu par la foi ». Et cette foi, vous l’avez en Jésus-Christ « lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui maintenant encore vous croyez sans le voir : ce qui vous fait tressaillir d’une joie inénarrable et glorieuse ».
Ô Jésus vous êtes dans votre Royaume qui est aussi le nôtre : nous le croyons ! Amen