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2ème dimanche après l’Epiphanie 2023

   Dans le premier miracle de Notre Seigneur, aux noces de Cana, l’Église veut mettre encore en lumière devant le monde son « Épiphanie ». « Il manifesta sa gloire », lit-on à la fin du récit, c’est-à-dire il manifesta sa divinité, par son miracle. Cet Évangile est plein d’édification. Quelle charmante image du Sauveur il nous présente ! Le Christ est ami de la joie, il prend part aux fêtes de famille et les sanctifie ; son premier miracle est fait pendant les noces. Et dans Marie nous voyons la plus noble image de la femme et de la mère, partout secourable, prévoyante, serviable, modeste, ne montrant pas de susceptibilité quand on n’accorde pas ce qu’elle demande ; ce que dit saint Paul dans son beau cantique de la charité s’applique parfaitement à elle : la charité est patiente, bienveillante, ne connaît pas l’aigreur. Marie par son intercession a obtenu le premier miracle. L’Évangile contient encore de profondes pensées mystiques. La merveilleuse antienne de Benedictus, aux Laudes, le jour de l’Épiphanie, dit : « Aujourd’hui l’Église est unie au céleste Époux… » Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, nous rencontrons fréquemment l’image des noces et de l’Épouse. Le Christ est l’Époux et l’Église est l’Épouse. Chaque messe est comme une noce, la table nuptiale y est dressée.

   Maintenant, après ce temps de fêtes, demandons-nous quelle est l’intention de l’Église, qui nous présente aujourd’hui le miracle des noces Cana. Le miracle est un événement historique et l’Église cherche certainement à nous édifier par les actions de Notre Seigneur et de la Sainte Vierge. Cependant ce n’est pas là son but principal. L’Église raconte le passé mais elle pense au présent. Elle veut nous dire : ce qui s’est passé, il y a 2000 ans, s’accomplit encore mystiquement en nous et particulièrement, actuellement, à la messe. Le Christ ne se contente pas d’avoir changé, il y a 2000 ans, de l’eau en vin, il veut faire aujourd’hui quelque chose de semblable et d’une réalité plus élevée. Nous pouvons même aller plus loin. Le miracle que Notre Seigneur fit alors, il le fit moins pour le miracle lui-même qu’en considération de l’avenir. Tous les miracles de Jésus, toute sa vie, ne sont qu’une image de son action dans son Église, car le but de toutes ses œuvres terrestres était le salut des hommes. Nous pouvons donc dire que le premier miracle du Christ, à Cana, est un symbole de ce que le Christ accomplit dans son Église, de ce qu’il veut accomplir aujourd’hui, à la messe. Nous comprenons maintenant quelle importance a pour nous la vie du Christ. Nous apprenons par là ce que le Christ veut faire parmi nous. Les circonstances historiques nous apprennent quelle attitude nous devons avoir devant cette action du Christ. Il s’ensuit que nous devons vivre cet épisode évangélique et, pour ainsi dire, jouer notre rôle dans cette scène. Représentons-nous comme les hôtes ou même l’époux ou l’épouse. Le Christ et sa Mère sont au milieu de nous. Cela n’est que fiction dira-t-on ; mais il y a une réalité, c’est le don de la grâce, c’est le salut qui nous est accordé aujourd’hui.

   L’Eglise nous fait célébrer, à la messe, les noces de Cana d’une manière vivante. 

   Où est-il question à la messe des noces de Cana ? En deux endroits : à l’Évangile et à la Communion. Que signifie cela ? Par l’annonce liturgique de l’Évangile, l’Église ne se contente pas de nous raconter un événement de la vie du Christ, mais elle met symboliquement le Christ et cet événement devant nous. Car ce n’est pas en vain que l’Église entoure la lecture de l’Évangile des plus grandes marques d’honneur qui ne peuvent s’adresser qu’au Christ regardé comme présent (les cierges, l’encens, le baiser, l’attitude debout, les signes de croix, l’ambon). Ainsi donc, dans l’Évangile, l’Église nous représente aujourd’hui le premier miracle. Ce miracle se reproduit d’une manière plus élevée encore dans l’Eucharistie. D’où vient que l’Église fait chanter, pendant le banquet eucharistique, quelques phrases de l’Évangile (et autrefois, quand le chant de la Communion avait toute son étendue, elle les faisait répéter sans cesse, peut-être jusqu’à dix fois) ? Pourquoi cela au moment le plus sacré, quand Notre Seigneur s’unit à notre âme et devient un avec elle ? N’y a-t-il pas là une déviation ? Non, l’Église dit : Voyez, c’est maintenant la vérité, le Seigneur a gardé jusqu’à maintenant le meilleur vin de l’Eucharistie, le miracle se réalise d’une manière plus haute au Saint-Sacrifice et dans la Communion. Voyez les grandes choses que Dieu fait pour nous ! Amen

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