« Succurre cadenti surgere qui curat populo – Venez au secours de ce peuple allant à la chute qui cherche à se relever. »
Ainsi, chaque année, nous chantons à la Vierge Marie cet appel au temps de l’Avent ! Ce peuple c’est nous, peuple chancelant et qui pourtant garde le souci de son relèvement. Nous devons savoir, par les données de notre foi, que cette triste situation d’instabilité a son origine dans la nuit des temps. On l’appelle d’une expression connue le « péché originel » ! Mais du péché originel on ne parle plus guère, ou de façon fort vague.
Alors, attachons-nous simplement, humblement, fidèlement à examiner ce que nous dit la Foi, notre Foi chrétienne, sur Adam, notre Père. Préparons notre Noël, avec notre lointain ancêtre : sans doute avons-nous bien à lui reprocher, mais puissions-nous aussi redécouvrir ce que nous lui devons !
Arrêtons-nous d’abord auprès du berceau d’un petit enfant : avons-nous le droit, devant ce petit être rayonnant et tendre de dire : c’est un pécheur ! Pensons à nous maintenant : un jour nous avons compris pour la 1ère fois la signification de ces mots terribles : mort, enterrement, cimetière ; un jour nous avons saisi la cruauté de la douleur ; un jour nous avons pris conscience de ces conflits intérieurs qui nous déchirent et nous humilient, nos passions ! A-t-on raison de nous enseigner que tout cela est la conséquence d’une première faute ?
Eh oui, on a raison de nous enseigner tout cela : telle est la doctrine qui nous vient de Dieu par son Eglise. L’Ecriture Sainte, parole de Dieu, nous livre tout cela. La Sainte Eglise nous demande formellement de le reconnaître comme vérité de foi. « Qu’il soit anathème = il n’y a pas de formule plus nette et plus dure pour rejeter du sein de l’Eglise celui qui ne veut pas admettre la vérité qu’elle proclame = qu’il soit anathème celui qui ne confesse pas la vérité suivante : Adam, le premier homme ayant transgressé dans le paradis le précepte de Dieu, a perdu immédiatement la sainteté et la justice dans laquelle il avait été constitué ; il a encouru par l’offense de cette prévarication la colère et l’indignation de Dieu, et par le fait même la mort dont Dieu l’avait menacé auparavant, et avec la mort la captivité sous la domination de celui qui possède, depuis ce moment, l’empire de la mort, c’est-à-dire le diable ; Adam, par l’offense de cette prévarication a éprouvé un changement qui l’a réduit à un état inférieur du point de vue de son être tout entier : dans son corps et dans son âme » Ce texte est une des définitions du concile de Trente.
En voici un autre qui le complète. « Si quelqu’un dit que la prévarication d’Adam n’a été préjudiciable qu’à lui seul et non pas à sa descendance, et que la sainteté et la justice qu’il a perdues, il les a perdues uniquement pour lui et non pas aussi pour nous ; ou si quelqu’un soutient qu’Adam souillé par ce péché de désobéissance, a transmis seulement la mort et les peines corporelles à tout le genre humain et non pas également le péché, qui est la mort de l’âme, que celui-là soit anathème. Il est en effet en opposition avec l’Apôtre qui déclare : ‘Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort est-elle passée à tous les hommes du fait qu’en lui tous ont péché !’
Et c’est la même doctrine que le Pape Paul VI a repris dans sa Profession de Foi de la clôture de l’Année de la Foi : « Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle, commis par lui, a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. »
Ainsi saurons-nous reconnaître une triple vérité :
1)-le péché originel n’a pas eu de réalité qu’en Adam. Nous aussi nous avons perdu la sainteté et la justice qui lui avaient été conférées.
2)-le péché originel ne se réduit pas à la nécessité de mourir et aux peines corporelles. C’est le péché lui-même qui nous est transmis : et le péché est la mort de l’âme.
3)-l’apôtre St Paul, dans son Epître aux Romains, dénonce bien le péché originel, commis par un seul homme Adam et transmis à tous les hommes solidaires de leur premier père.
Nous aurons passé notre temps, ce matin, à bien fixer le fait du péché originel et de ses conséquences. Sans doute est-ce aride et déprimant…Mais n’avons-nous pas, en commençant, demandé à la Vierge Marie, l’heureuse, bienheureuse, exemptée du péché d’Adam, de venir à notre secours car son peuple prend le souci de se relever. Tout au long de la semaine nous contemplerons l’Immaculée, la sainteté et la justice retrouvées intactes en Elle, et ainsi aurons-nous plus l’occasion de nous éblouir que de nous assombrir. Amen