Homélie donnée par Monsieur l’Abbé Côme Rabany (de l’apostolat de la FSSP à Lyon)
Biens chers fidèles,
Qui, parmi nous, voudrait prétendre être le bon samaritain ? Oui, il est vrai, nous aimerions être capable de l’imiter et de secourir notre prochain en pratiquant la charité… Mais, pourtant, nous le savons bien, il y a encore du chemin pour l’imiter pleinement.
Mais à côté, ce prêtre et ce lévite de notre parabole, qui méprisent cet homme à demi- mort nous laisse dans l’indignation et jamais, nous ne voudrions faire semblable chose.
Nous ne sommes pas le bon samaritain ; nous ne sommes pas non plus ce prêtre et ce lévite.
Mais alors, en quel personnage pouvons-nous nous retrouver aujourd’hui ?
Eh bien, n’ayons pas peur de le dire : nous sommes cet homme, tombé aux mains des voleurs, et qui se trouve sur le bord du chemin, à demi mort, dépouillé de ses biens et couvert de blessures.
Souvenons-nous, l’homme, après la chute originelle, est laissé sur le bord du chemin, c’est-à-dire, en dehors du chemin. Et ne peut donc plus arriver à destination.
Oui, l’homme avait été créé et déposé sur la bonne route pour qu’il atteigne le Ciel sans difficulté ; mais le voilà dépouillé de ses biens, c’est-à-dire de tous les dons qu’il avait reçus dans ce paradis terrestre ; le voilà couvert de blessures, qui n’est rien d’autre que le péché originel, qui fait de l’homme, vraiment, un demi-mort.
Seul, dans le fossé, il voudrait se relever, il voudrait repartir vers ce Ciel ; mais non, cela n’est plus possible, seul, il ne peut plus avancer, seul il est perdu.
Mais voilà que des voix se font entendre. Ça y est, le salut approche, on vient surement à son secours. Mais quelle déception ! Le 1er passant, ce prêtre de l’ancienne loi, de l’ancien Testament, passe son chemin.
Et la scène recommence avec un lévite, qui normalement, aurait dû montrer l’exemple et même, il aurait été de son devoir de secourir ce malheureux.
Mais non, voyez vous, les prêtres et les ministres de l’Ancien Testament se sont désintéressés du sort de l’homme, impuissants d’ailleurs, à sauver le genre humain de son péché.
Car ils se sont attachés à la loi seule, sans en donner les moyens pour la mettre en pratique.
Ces prêtres n’ont rien fait sur ce chemin pour secourir ce pauvre malheureux ; la loi de l’ancienne alliance ne pouvait pas sortir le genre humain de son péché.
Alors, eh bien, tout est fini, pour notre homme blessé. Le pèlerin commence à sentir la mort l’envahir, il sait que sa fin approche et que jamais, il ne pourra atteindre son but pour lequel il était fait.
Nous aussi, il nous arrive peut-être souvent de nous retrouver dans cette même situation. Assaillis par les tentations, faibles dans les combats, nous nous retrouvons blessés, sur le bord du chemin, ne sachant comment nous relever, pour repartir vers le Ciel.
Le monde, auprès duquel nous avions autrefois cherché consolations et satisfactions, n’est plus là pour nous promettre un bonheur trompeur.
Oui, nous sommes bien seuls… Et pourtant, et pourtant, comme cet homme à demi-mort, nous entendons au loin, sur le chemin de notre vie, des pas, et une voix qui ne nous est pas inconnue.
Vous l’avez tous reconnu, ce bon samaritain : oui, c’est bien lui, qui, voyant ce pauvre homme, qui nous voyant, nous, pauvre pécheur, est pris de compassion et s’approche pour verser de l’huile sur les plaies qui commençaient à s’élargir.
NSJ est là, sur cette route du Ciel, qui s’arrête, qui se penche pour relever le genre humain. Comme le dit si bien St Bède, « en se faisant homme, Dieu s’approche de nous et se penchant sur notre misère, il guérit nos plaies en y versant cette huile et ce vin que sont les sacrements qui guérissent les blessures de notre âme. »
Et quand Dieu fait quelque chose, il le fait bien, et jusqu’au bout. Il sait qu’il ne pourra pas rester auprès du blessé tout le temps de sa vie, alors, l’ayant pris sur sa monture, il l’emmène à l’hôtellerie.
L’hôtellerie où nous sommes aujourd’hui, par les soins du bon Dieu, c’est l’Eglise où Jésus nous a conduit lui-même où il continue à verser sur nos plaies sa grâce, au moyen des sacrements.
C’est ainsi, et ainsi seulement, que l’homme peut refaire ses forces, se relever et repartir sur la route du Ciel.
N’oublions jamais ce que Dieu a fait pour nous. Et ce qu’il nous montre par l’image du bon samaritain, nous le savons, nous devons le mettre en pratique à notre tour, avec notre prochain.
Car, oui, c’est notre grandeur et en même temps notre devoir de pouvoir imiter la charité infinie de Dieu, l’imiter pour l’appliquer envers notre semblable.
Mais comme tout, il y a un ordre dans la charité. Nous devons exercer cette vertu dans l’ordre, c’est-à-dire, en commençant par notre prochain le plus proche. Est quel est-il ? Nous même, non ; nos parents, presque…
L’évangile nous donne la réponse. Jésus questionne le légiste auquel il vient de raconter la parabole : « Alors, dis-moi maintenant, qui a été le prochain de cet homme à demi-mort ? » Et voici la réponse : « C’est celui qui a pratiqué la miséricorde à son égard. »
Notre premier prochain, celui que nous devons aimer plus que tout, et avant tout, c’est ce bon samaritain, qui nous a tiré de notre mort, qui nous a soigné, et qui nous a relevé.
Notre amour doit aller en premier lieu à NS, voilà l’ordre de notre charité. Dieu mérite tout notre amour, Dieu mérite toute notre attention.
Alors, par l’exercice de cette vraie charité envers le Bon Dieu, nous pourrons ensuite rayonner autour de nous cet amour de Dieu. Car s’est en aimant Dieu plus que tout que nous pourrons ensuite de plus en plus, pratiquer cette charité vraie envers notre semblable. Car alors, nous pourrons plus facilement aimer le divin en lui et nous achèverons notre amour pour Dieu, dans notre prochain.