« Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était
juste et craignant Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non
seulement les Anges, les Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards
et les justes, rendent témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de
tout âge et de tout sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité.
Une vierge enfante, une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth
est inspirée, les Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de
sa mère, une veuve loue et bénit, un juste est dans l’attente.
Et certes il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui
avait moins en vue son avantage que celui de la nation. Car tout en désirant
d’être dégagé des liens d’un corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de
contempler le Sauveur promis, estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le
prit lui-même entre ses bras, et bénissant Dieu, il dit : « C’est
maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur
s’en aller en paix ». Voyez comme ce juste pour qui la masse de son corps
est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de pouvoir commencer d’être
avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du corps et être avec
Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.
Mais celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à
Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de
Dieu, l’embrasser par ses bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi.
Alors il s’en ira paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il
aura vu la Vie. Vous voyez que la naissance du Seigneur répand la grâce avec
abondance sur toute sorte de personnes, et que le don de prophétie est refusé
aux incrédules, mais non aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le
Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand
nombre, pour discerner ce que méritent les bons et les méchants, et pour
décerner, juge infaillible, juge équitable, des supplices ou des récompenses,
selon la qualité de nos actes.
Les deux vieillards, Siméon et Anne, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde du Seigneur qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.
C’est dans cette paix tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte. Amen