Si nous avons, selon la foi et la sagesse, l’intelligence des origines de notre création, nous trouverons que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, afin qu’il imitât son Auteur, et que la perfection première de notre race consiste à ce qu’en nous resplendisse, comme en une sorte de miroir, l’image de la bénignité = bonté divine. C’est sur ce type que la grâce du Sauveur nous refait tous les jours, lorsque ce qui est tombé dans le premier Adam, est relevé dans le second.
Nous devons à la seule miséricorde de Dieu le bienfait de notre Rédemption ; nous ne l’aimerions pas, « s’il ne nous avait aimés le premier, » et s’il n’eût dissipé les ténèbres de notre ignorance par la lumière de sa vérité. C’est ce que Dieu nous apprend lui-même par le saint Prophète Isaïe : « Je conduirai les aveugles dans une voie qu’ils ne connaissaient pas ; et je les ferai marcher dans des sentiers qu’ils ignoraient. Je convertirai devant eux les ténèbres en lumière, et les chemins tordus en chemins droits ; je ferai ces merveilles pour eux et je ne les délaisserai pas. » Et encore : « J’ai été trouvé, dit-il, par ceux qui ne me cherchaient pas ; je me suis montré à ceux qui ne me demandaient pas. »
L’Apôtre saint Jean nous explique de quelle manière ce mystère s’est accompli, lorsqu’il dit : « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et nous a donné l’intelligence, pour que nous connaissions le vrai Dieu, et que nous soyons en son vrai Fils. » Et encore « Aimons donc Dieu, puisque c’est lui qui nous a aimés le premier. » Or Dieu, en nous aimant, nous réforme sur son image ; et, pour trouver en nous des traits de sa bonté infinie, il nous donne des secours, afin que nous puissions faire ce qu’il fait lui-même : répandant les lumières de sa vérité dans notre esprit, et nous enflammant du feu de sa charité, pour que nous ne l’aimions pas seulement lui-même, mais que nous aimions tout ce qu’il aime.
Puisque nous
avons péché, et que nous sommes enveloppés dans de mauvaises habitudes
invétérées, Jean-Baptiste nous enseigne ce que nous devons faire pour pouvoir
fuir la colère à venir. « Faites donc de dignes fruits de
pénitence. » Il faut remarquer, dans ces paroles, que l’ami de l’Époux
nous avertit de faire, non seulement des fruits de pénitence, mais de dignes
fruits de pénitence. Car, c’est autre chose que de faire un fruit de pénitence,
et de faire un digne fruit de pénitence. Pour bien parler de ces fruits de
pénitence, il faut savoir que quiconque n’a rien commis d’illicite, a le droit
d’user des choses licites : et ainsi, en s’exerçant dans les œuvres de
piété, il lui est libre d’user, s’il le veut, des choses du monde.
Mais, si quelqu’un est tombé dans de grands péchés, il doit
d’autant plus se retrancher ce qui est permis, qu’il se souvient d’avoir commis
des actions défendues. Et, en effet, les fruits des bonnes œuvres ne doivent
pas être pareils en celui qui a peu péché, et en celui qui a péché
beaucoup ; ou bien en celui qui n’a jamais commis de crimes, en celui qui
en a commis quelques-uns, et en celui qui en a commis un grand nombre. Ces
paroles donc : « Faites de dignes fruits de pénitence, » sont un
appel à la conscience de chacun, l’invitant à acquérir par la pénitence un
trésor de bonnes œuvres d’autant plus grand, qu’il s’est causé de plus grands
dommages par le péché.
Voilà ce que doit donc être notre dernière préparation à la grande fête de Noël. Amen