Quand Jésus précise devant Pilate « Mon royaume n’est pas de ce monde », il ne faut pas se tromper sur le sens de sa parole. Notre Seigneur affirme que l’origine de sa dignité royale n’est pas terrestre, que la puissance de son royaume ne s’appuie pas sur des moyens terrestres, mais il ne répudie pas un règne qui touche directement les hommes au milieu desquels il est venu vivre pour les sauver. Pilate l’a bien compris qui, après la déclaration de Jésus, l’interroge de nouveau avec un ton concluant « Tu es donc roi ? »
Si la royauté de Jésus ne devait pas être effective sur la terre, il renoncerait lui-même à sa dignité et à son œuvre. Son nom lui-même est l’indice de sa Royauté : le Christ c’est l’Oint, celui qui a reçu l’Onction et cette onction est en particulier celle de la Royauté.
Que les ennemis de Dieu rejettent la royauté de son Fils, on le comprend. Que des catholiques refusent de reconnaître un règne de Jésus sur la société, sur les sociétés humaines, il faut s’en indigner : et pourtant, on en est là !
C’est le Pape Pie XI qui a établi la fête du Christ-Roi. Il l’a présentée dans une encyclique du 11 décembre 1925. Il convient nécessairement de s’y reporter pour avoir les considérations ayant entraîné la décision du Saint-Père. Il y dit notamment « Ce serait une erreur de dénier au Christ-Homme la puissance sur les choses civiles quelles qu’elles soient…La royauté de Notre Rédempteur embrasse tous les hommes ». Et le Pape d’affirmer clairement « En cette matière, il ne faut pas distinguer entre les individus et les sociétés domestiques et civiles, puisque les hommes réunis en société ne sont pas moins sous la puissance du Christ que les particuliers.
Et, en effet, il est facile de considérer qu’il ne peut pas y avoir une source différente pour le bien privé et pour le bien commun. Déjà St Pierre l’avait nettement défini dans le discours qu’il fit à la suite de son premier miracle « Il n’y a de salut en aucun autre, et il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »
C’est donc une étrange fourberie que de laisser croire que les institutions ou les systèmes de société qui recherchent le bien commun puissent se passer du Seigneur Jésus, c’est même une fourberie blasphématoire.
Qu’on aille plus s’étonner après cela que le monde aille mal. Pie XI rappelait dans son encyclique un passage d’une autre lettre, la 1ère même qu’il avait écrite au début de son pontificat « Dieu et Jésus-Christ ayant été exclus de la législation et des affaires publiques, et l’autorité ne tirant plus son origine de Dieu, mais des hommes, il arriva que les bases mêmes de l’autorité furent renversées, dès là qu’on supprimait la raison fondamentale du droit de commander pour les uns, du devoir d’obéir pour les autres ».
Voilà pourquoi nous fêtons la Royauté de Jésus ! Afin de nous rappeler qu’elle est la seule assurance de l’ordre, de la concorde et de la paix ici-bas !
Mais que peut-il sortir de ces belles considérations ? Que pouvons-nous changer à la face du monde
-En notre temps où la Foi ne semble plus devoir inspirer les actes des hommes, il nous faut d’abord retrouver les vues de la Foi : donc ici, croire en la Royauté de Notre-Seigneur ! croire qu’elle seule peut apporter les remèdes aux maux du monde, le guérir et le transformer.
-Prier pour que le Règne de Jésus arrive. Jésus se rend aux désirs des siens : c’est connu et constaté. Mais que ces désirs se montrent ardents, pressants, violents même « le Royaume de Dieu souffre violence »
-Ouvrir son cœur, son intelligence, son activité à Jésus afin qu’il établisse en nous son règne d’une manière sensible. Il y a des gens possédés véritablement par le mauvais esprit, par le mal. Serait-il impossible que nous soyons possédés par le règne du Christ ?
-Chacun selon ses possibilités, selon ses relations, ses engagements comme on dit maintenant, doit s’appliquer à apporter l’esprit de Jésus-Christ. Donc ne pas se laisser distancer par ceux qui nombreux et décidés répandent leurs idées fausses et perverses, militent avec des forces de dissuasion qui mènent notre société à sa ruine totale. Pas une seule de nos journées ne devra se passer sans que nous ayons en nous, ou autour de nous, laisser pénétrer l’esprit de Jésus, les paroles de Jésus, l’amour de Jésus, le renoncement à soi pour l’investissement de Jésus-Christ et de son règne.
Dans une société, la nôtre, aphrodisiaque, matérialiste, d’un libéralisme avancé, Satan règne en maître. Pour l’affronter victorieusement dans les institutions comme dans les personnes, nous avons besoin, un besoin absolu, d’être éclairé d’une Lumière divine, d’être galvanisé d’une Force divine…La conclusion toute simple : rechargeons-nous chaque jour de la Lumière et de la Force divines. Alors notre action sera irrésistible ! et alors le Christ règnera ! Amen