Homélie donnée par Monsieur l’Abbé Louis Le Morvan (FSSP)
Au nom du Père et du Fils et du St-Esprit. Ainsi soit-il.
Mes bien chers Frères,
Il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue de soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de 12 étoiles sur sa tête. C’est ainsi que débute la messe de ce jour, la messe au cours laquelle l’Église rend gloire à Dieu en honorant la mère du Sauveur, la messe au cours de laquelle nous fêtons son élévation à la gloire du Ciel / en son âme et en son corps.
Un saint prêtre théologien commençait une étude sur Notre-Dame par cette remarque : ~~ assez souvent le théologien, dans une première période de sa vie, [est incliné vers la VM] par un sentiment de piété et d’admiration / dans une seconde période, se rendant compte de certaines difficultés et des doutes de quelques auteurs, il est moins affirmatif./ mais dans une troisième période, il revient à sa première affirmation, non plus seulement par un sentiment de piété et d’admiration, mais en connaissance de cause, en se rendant compte, par les témoignages de la Tradition et la réflexion théologique, que les choses divines et particulièrement les grâces de Marie sont plus riches qu’on ne le pense; alors, le théologien [les] affirme non plus seulement parce que c’est beau et assez généralement admis, mais parce que c’est vrai.
Ainsi ce que nous fêtons aujourd’hui, mes frères, l’Assomption de la Vierge, cela n’est pas qu’une belle histoire qui aurait pour but de distinguer la Vierge Marie du commun des mortels. Pourquoi le bon Dieu aurait-il voulu cela ? De notre petite place sur la terre, avec notre petite tête, essayons d’en voir la beauté et, en quelque sorte, l’utilité pour nous / donc / pour le plan de Dieu qui nous veut au ciel. Voyons ensemble la vie de la Vierge notre mère.
Lorsque St Joachim et St Anne conçoivent leur petite Marie, le bon Dieu lui fait la grâce / inestimable / d’être préservée du péché originel et pleine de grâce, en vue de sa maternité divine qu’il va lui proposer. C’est le premier privilège donné à la Vierge, l’Immaculée conception en vue de la maternité divine. Jésus est son seul enfant, à la conception et à la naissance miraculeuse. Il accomplit sa mission terrestre, nous offre le salut sur la Croix, ressuscite et monte aux cieux. Et la Vierge Marie reste encore, pense-t-on, une vingtaine d’années sur la terre. Seule ? Non pas, mes frères, puisque son Fils sur la croix l’a confié à St Jean, ce qui nous prouve au passage / s’il en était besoin / qu’elle n’avait pas d’autre enfants pour s’occuper d’elle. Et Jésus au même instant a confié tous les hommes à sa mère, toujours en la personne de St Jean. Elle n’avait autrefois à s’occuper que d’un enfant, son cœur était tout à lui et / par lui, tourné vers les autres ; elle partage à présent son cœur entre tous les hommes, sans préférence, car tous sont également ses enfants. Et c’est là que nous voyons son Assomption. ND est appelée à la gloire du Ciel, comme tous les hommes, mais à une place particulière que lui confie le bon Dieu. Pour nous mes frères, ce sera à la fin des temps, après la résurrection des corps que nous serons corps et âme au ciel, si nous avons saisi la grâce que le Tout-puissant nous envoie. Mais Dieu décide de rendre hommage à la mère de Jésus en l’élevant / sans attendre / à la gloire du ciel avec son corps et son âme. Le Seigneur atteste ainsi de la mission spéciale d’intercession qu’il lui a confiée. Elle est là-haut, à la cour céleste, intercédant pour ses enfants que nous sommes, priant Dieu pour les pauvres pécheurs qui recourent à elle. Toute sa vie s’inscrit, nous le voyons, dans le plan de Dieu, parce qu’elle sut lui dire oui à chaque instant.
Nous avons le privilège, dans notre pays, de lui avoir été confiés par le roi Louis XIII, qui n’eut pas honte, du haut de son trône terrestre, de s’agenouiller devant celle qui règne au ciel. Le pape Pie XI, mes frères, rappelait qu’il est certain, selon un ancien adage, que le royaume de France a été appelé le royaume de Marie. Car, depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, nombre de saints docteurs ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. Même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge ; cette église Notre-Dame en est une preuve parmi tant d’autre. Et la Vierge en personne, trésorière de toutes les grâces de Dieu, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français. Pie XI proclama donc Marie patronne principale de la France au titre de son Assomption, au titre de cet évènement historique qui la plaça au Ciel comme intercédant pour les hommes.
En ces temps troublés, tournons-nous alors vers elle, n’ayons pas honte de gémir et de supplier pour nous et pour ses autres enfants qui ne connaissent pas leur mère. La Vierge, revêtue du soleil de la grâce de Dieu, pose les pieds sur la lune, symbole de la création, mais aussi de la nuit, de l’obscurité, et même de l’Islam. Puisse-t-elle, mes frères, toucher le cœur de tous ses enfants, chrétiens, fervents ou non, musulmans, hommes pas intéressés par leur salut etc. et les tourner vers le vrai Dieu, seul capable de leur offrir le bonheur pour lequel ils ont été créés. C’est ce que nous lui demandons et c’est ce pourquoi nous avons à lui offrir l’hommage de nos prières et de nos sacrifices.
Au nom du Père et du Fils et du St-Esprit. Ainsi soit-il.