Le temps de l’Avent dans lequel nous entrons aujourd’hui a comme finalité de nous préparer aux fêtes de la Nativité du Fils de Dieu le 25 décembre, mais pas seulement. Le temps de l’Avent nous prépare à 3 venues essentielles du Seigneur dans notre vie : celle qui s’est déroulée dans l’histoire, il s’agit de la naissance de Jésus ; celle qui ne cesse de se dérouler dans notre temporalité : Dieu ne cesse de venir à nous de multiples manières, je vais surtout m’arrêter sur cet aspect-là pour aujourd’hui ; et dernière venue du Seigneur : celle à la fin des temps, venue que nous attendons et à laquelle nous nous préparons.
Pour nous préparer à la venue du Seigneur : il s’agit de nous réveiller et de réveiller en nous le désir de Dieu. St Paul le dit dans la lecture : « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de notre sommeil. » L’Evangile l’évoque aussi : « Tenez-vous donc prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Nos manières de vivre peuvent avoir comme conséquence de nous endormir ou de nous laisser endormir. C’est le sens de l’évocation des modes de vie au temps de Noé : « On mangeait, on buvait, on se mariait. » Oui, tout va bien dans le meilleur des mondes…sauf qu’on vit sans Dieu. On se laisse conduire par la vie, par les évènements. C’est le risque que nous courons lorsqu’une société met Dieu de côté. Et, lorsque Dieu est mis de côté, il est toujours remplacé…par n’importe quoi !
Deux exemples peuvent illustrer l’endormissement dont je parle. Regardez par exemple le monde politique. Il y a quelque chose de pas très juste dans ce que nous voyons, de tout bord politique que ce soit. C’est qu’on a l’impression qu’on attend de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie ! Dit autrement, on a remplacé l’attente du Messie par l’attente de sauveurs : hommes politiques, sportifs, vedettes… Si Dieu était présent dans nos sociétés, on n’attendrait pas de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie. Et on se laisse endormir et manipuler. Attention à l’anesthésie des consciences ! Ces dérives sont le révélateur de l’absence de Dieu et d’un endormissement général.
Un autre phénomène caractérise l’endormissement général de notre monde : les écrans. La place que prennent internet, les écrans de tout genre, source d’information, les ordinateurs, les jeux. Ces activités sont chronophages : elles mangent notre temps. Et alors, bien souvent, nous n’avons plus de temps pour prier, le temps pour Dieu. Il faut saisir la grâce du Temps de l’Avent pour prier plus régulièrement, plus généreusement, plus gratuitement, pour réveiller en nous le désir de Dieu, de sa venue et de sa rencontre.
Depuis sa Résurrection, Jésus ne cesse de venir à nous. Pour nous préparer à rencontrer le Seigneur dans notre vie, au terme de notre vie, il faut tout d’abord apprendre à le reconnaître lorsqu’Il se manifeste dans notre vie actuelle. Et bien souvent, nous ne nous en rendons pas compte de manière immédiate. C’est après coup que nous nous interrogeons et que nous nous disons : mais peut-être le Seigneur me disait-Il quelque chose à travers cet évènement ?
Quand nous parlons de prière, il est important aussi de relire sa vie en présence de Dieu, à la lumière de Dieu, à l’image de la Vierge Marie qui « gardait et méditait tous ces évènements dans son cœur. » Pour ce faire, il faut se souvenir de plusieurs choses. Tout d’abord, quand on est chrétien, rien n’est le fruit du hasard. Dieu est partout. Ensuite, il faut garder dans son cœur que Dieu habite de sa présence nos rencontres, nos échanges et tous les évènements que nous vivons. Même les plus douloureux et incompréhensibles ; et je dirais même : surtout les plus incompréhensibles, les plus douloureux ! C’est souvent dans le temps que l’on se rend compte de la densité, de la profondeur que révèle telle ou telle rencontre, tel ou tel évènement. Et c’est en les méditant dans son cœur, en les présentant au Seigneur, en regardant ce qui en a découlé, que l’on s’ouvre à ce que le Seigneur nous a dit ou nous a donné.
Deux mouvements se rencontrent : celui de Dieu d’abord qui vient à nous : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra », et celui de l’homme qui marche vers Dieu : « Des peuples nombreux se mettront en marche vers la montagne du Seigneur. » C’est en fait, en nous ouvrant aux multiples venues du Seigneur dans notre vie, que nous avançons et allons vers Lui. Notre marche vers Dieu ne se fait qu’à la mesure de notre ouverture à ses venues.
Profitons de cette première semaine de l’Avent pour nous réveiller de nos torpeurs, pour soigner nos temps de prière, pour prendre le temps de relire nos journées, nos vies, en n’oubliant pas de présenter au Seigneur tout ce que nous ne comprenons pas ou n’avons pas compris. Le temps de l’Avent est un temps de marche vers la Lumière. Que la Vierge Marie nous aide à nous ouvrir à cette Lumière qui éclaire et révèle la présence de Dieu en nous. Amen !