La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, n’appelle pas une explication, mais plutôt une exhortation. Ce que la Vérité elle-même a expliqué, que la fragilité humaine n’ait pas l’audace de le mettre en question. Mais il y a dans cette explication du Seigneur une chose à laquelle nous devons attentivement réfléchir. Si nous vous avions dit que la semence signifie la parole, le champ le monde, les oiseaux le démon, les épines les richesses, peut-être votre esprit aurait-il hésité à nous croire. C’est pourquoi le Seigneur a bien voulu expliquer lui-même ce qu’il disait afin que vous puissiez rechercher aussi la signification de ce qu’il ne lui a pas plu d’exposer lui-même.
En donnant la clé de ce qu’il dit, il souligne qu’il parle en figure de sorte qu’il rassure notre fragilité quand elle vous découvre la signification de ses paroles. Qui, en effet, me croirait jamais si j’avais voulu interpréter les épines par les richesses ? D’autant que les unes piquent, les autres charment. Et pourtant ce sont des épines, car l’âme se déchire aux piqûres de leurs tracas : et quand elles entraînent jusqu’au péché elles font saigner comme si elles infligeaient une blessure. Avec raison, à cet endroit, un autre évangéliste en témoigne, le Seigneur ne parle aucunement de richesses, mais des illusions de la richesse.
Oui ! Elles sont illusions, ces richesses qui ne peuvent demeurer longtemps avec nous : elles sont illusions, celles qui ne bannissent point l’indigence de notre âme. Seules sont véritables, celles qui nous enrichissent de vertus. Si donc, vous désirez être riches, aimez les véritables richesses. Si vous cherchez le sommet de l’honneur véritable, tendez au Royaume des Cieux. Si vous aimez la gloire des dignités, hâtez-vous de vous faire inscrire à cette cour céleste des Anges. Les paroles du Seigneur perçues par l’oreille, gardez-les dans l’âme. Car la parole de Dieu est la nourriture de l’âme ; et quand la parole entendue n’est pas retenue au creux de la mémoire, elle est comme la nourriture prise que refuse un estomac malade : or, si quelqu’un ne garde pas les aliments, on désespère, bien sûr, de sa vie.
Oui, Jésus jette la semence de sa parole dans des cœurs plus ou moins bien disposés. Efforçons-nous, dans notre vie chrétienne de la recevoir dans un cœur bon et excellent et faisons-la fructifier par notre patience, pour que Celui qui a passé son existence à répandre la bonne doctrine dans les âmes et qui continue ce geste par ses Apôtres et par son Eglise, puisse nous donner la récompense au centuple qu’il a promise à ceux qui l’écouteraient et le suivraient avec fidélité. Amen