« Vision d’Isaïe fils d’Amos, qu’il a vue, touchant Juda et Jérusalem, dans les jours d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda. Écoutez, cieux, et prête l’oreille, terre, parce que le Seigneur a parlé : J’ai nourri des fils et je les ai élevés ; mais eux, m’ont méprisé. Un bœuf connaît son possesseur, un âne l’étable de son Maître ; mais Israël ne m’a pas connu, et mon peuple n’a pas eu d’intelligence. »
Ces paroles du saint Prophète, ou plutôt de Dieu qui parle par sa bouche, doivent faire une vive impression aux enfants de l’Église, à l’entrée de la sainte carrière de l’Avent. Qui ne tremblerait en entendant ce cri du Seigneur méprisé, méconnu, au jour même où il est venu visiter son peuple ? Il a dépouillé son éclat dans la crainte d’effrayer les hommes ; et, loin de sentir la divine force de Celui qui s’abaisse ainsi par amour, ils ne l’ont point connu ; et la crèche qu’il a choisie pour y reposer après sa naissance n’a d’abord été visitée que par deux animaux sans raison. Sentons-nous, combien sont amères les plaintes de notre Dieu ? Combien son amour méprisé souffre de notre indifférence ? Il prend à témoin le ciel et la terre, il lance l’anathème à la nation perverse, aux fils ingrats. Reconnaissons sincèrement que jusqu’ici nous n’avons point connu tout le prix de la visite du Seigneur, que nous avons trop imité l’insensibilité des Juifs qui ne s’émurent pas quand il apparut au milieu de leurs ténèbres. Ce fut en vain que les Anges chantèrent au milieu de la nuit, que les bergers furent conviés à l’adorer et à le reconnaître ; en vain que les Mages vinrent d’Orient demander où était son berceau. Jérusalem fut troublée un instant, il est vrai, à la nouvelle qu’un Roi lui était né ; mais elle retomba bientôt dans son insouciance, et ne s’enquit même pas de la grande nouvelle.
C’est ainsi, ô Sauveur ! Que vous venez dans les ténèbres, et que les ténèbres ne vous comprennent pas. Oh ! Faites que nos ténèbres comprennent la lumière et la désirent. Un jour viendra où vous déchirerez les ténèbres insensibles et volontaires, par l’éclair effrayant de votre justice. Gloire à vous en ce jour, ô souverain Juge ! Mais gardez-nous de votre colère, durant les jours de cette vie mortelle. — Où frapperai-je maintenant ? dites-vous. Mon peuple n’est déjà plus qu’une plaie. — Soyez donc Sauveur, ô Jésus ! dans l’Avènement que nous attendons : Toute tête est languissante, et tout cœur désolé : venez relever ces fronts que la confusion et trop souvent aussi de viles attaches courbent vers la terre. Venez consoler et rafraîchir ces cœurs timides et flétris. Et si nos plaies sont graves et invétérées, venez, vous qui êtes le charitable Samaritain, répandre sur elles l’huile qui fait disparaître la douleur et rend la santé.
Le monde entier vous attend, ô Rédempteur ! Venez vous révéler à lui en le sauvant. L’Église, votre Épouse, commence en ce moment une nouvelle année ; son premier cri est un cri de détresse vers vous ; sa première parole est celle-ci : Venez ! Nos âmes, ô Jésus ! ne veulent pas non plus cheminer sans vous dans le désert de cette vie. Il se fait tard : le jour incline au soir, les ombres sont descendues : levez-vous, divin Soleil ; venez guider nos pas, et nous sauver de la mort. Amen