Nous fêtons aujourd’hui Sainte Jeanne d’Arc. Je ne vais pas m’attarder sur la surprenante intervention de Dieu qui va susciter une jeune fille, une simple petite bergère, pour en faire une guerrière ! Et cela dans une double action : action politique d’abord : libérer un pays, le nôtre, et action religieuse : protéger la foi en France. Dieu intervient dans l’histoire des hommes et la tentation est d’oublier cette intervention de Dieu dans notre histoire.
Quand on pense « intervention », on pense à un acte isolé : rien de plus faux ! Dieu gouverne l’histoire des hommes et Sa Divine Providence est infaillible. Dieu guide tous les actes de tous les hommes vers une fin par lui fixée, et le plus extraordinaire de tout cela c’est que, en même temps, il respecte notre liberté, il ne lèse pas l’activité humaine, il ne l’ampute pas de sa liberté.
Considérons les conséquences de ces actes : il nous semble que notre histoire s’écoule au fil des actions des hommes… Grave erreur ! Il faut maintenir avec foi ce grand principe de la Divine Providence. Ne jamais l’oublier ! C’est sur elle que repose la plus belle des vertus qui touche à l’action : l’Espérance. L’Espérance est la vertu qui nous fait nous appuyer sur la certitude que Dieu va nous aider parce qu’il l’a promis. On se tourne vers lui quand les choses vont mal, quand c’est difficile, on l’oublie quand c’est facile, que tout va bien… Or c’est une vertu plus que jamais nécessaire. Si on l’oublie lorsque les circonstances sont difficiles, alors on tombe dans le pessimisme, dans le désespoir. Mais le désespoir n’est pas seulement un manque de vertu, c’est l’un des plus terribles péchés, le péché par inaction : on est subjugué par le mal et on laisse tout tomber. C’est très grave.
Attention à cette mentalité de se laisser subjuguer par le mal en n’étant pas capable de compter sur Dieu. Mais il existe le problème inverse : ne rien faire, attendre tout de Dieu. C’est un attentisme coupable qui consiste à se dire que l’Eglise va se retrouver en situation merveilleuse, sans que l’on n’ait rien à faire, par un simple coup de baguette magique divine.
Ce n’est pas ainsi que Dieu travaille !
Nous le voyons bien dans cette intervention de Dieu dans le monde, la plus merveilleuse : l’Incarnation. Voilà bien une action qui ne dépend que de lui, que de sa volonté. Et pourtant, Dieu a voulu faire dépendre cette action de la coopération d’une créature, toute la Rédemption dépend du oui, du Fiat d’une créature humaine, la Vierge Marie. On voit aussi cela à l’œuvre chez sainte Jeanne d’Arc : on voit bien que ce qui est demandé n’a rien à voir avec le résultat qui est tellement plus immense, que l’immense résultat dépasse l’acte lui-même, mais qu’il n’y aurait pas eu ce résultat s’il n’y avait eu l’acte.
Les hommes bataillent, Dieu donne la victoire. Si l’Eglise en est là et que Dieu nous a donné la grâce de nous placer ici, ce n’est pas pour dormir ! C’est au contraire une vocation. Un appel à nous y mettre de toutes nos forces afin que les hommes reviennent à Dieu, au service de Dieu. Ce n’est pas de la présomption que de dire cela car nous savons bien que, seuls, nous n’y arriverons pas. Dieu ne nous a jamais demandé d’agir seuls ! Au contraire, Jésus dit aux apôtres que l’arbre doit porter des fruits, de beaux fruits et, en même temps, il donne le moyen : « Demeurez en moi car, sans moi, vous ne pouvez rien faire ».
Pensons que nous avons Dieu avec nous, qu’avec une âme qui veut servir Dieu, il y a un Dieu qui veut faire tout coopérer au bien, qui est capable de nous laisser dans cette situation pour faire tout coopérer au bien, à notre Salut. Regardons comme Jeanne d’Arc répond avec simplicité… « Oui, mais c’était pour des choses merveilleuses ! Oui, mais elle entendait des voix, elle ! Pas nous ! » Nous n’en avons pas besoin. Cherchons simplement, avec soin, à marcher dans le chemin ordinaire, simple, celui de la pratique quotidienne des vertus chrétiennes quotidiennes. C’est simple et ça suffit. Mais il faut y mettre le prix ! Car notre devoir de chaque jour peut être difficile, mais c’est ainsi que nous sommes assurés de recevoir les grâces nécessaires dans les grandes choses.
Notre Dieu est un Dieu de miséricorde prêt à écouter, prêt à aider, il a mis son plaisir à vivre au milieu de nous pour nous aider, pour nous sauver. N’ayons donc pas peur de cette situation dans laquelle se trouve l’Eglise aujourd’hui, dans laquelle nous nous trouvons. Ne nous laissons pas ballotter d’un côté, de l’autre, mais sachons que la Croix nous est promise jusqu’au bout et qu’elle est le chemin qui nous mènera au Ciel. Apprenons à renoncer à nos biens propres comme nous le dit l’Evangile, soyons prêts à subir quelques quolibets, moqueries, souffrances pour le nom de Jésus et là, nous recevrons les grâces pour les uns et pour les autres.
C’est ainsi que l’Eglise sortira de cette crise. Dieu peut faire des miracles penserez-vous… Mais il en fait constamment ! Mais nous ne les voyons plus. La sainte Hostie, le confessionnal… Ayons ce regard sur Dieu en gardant les pieds sur terre, et tout ira bien.
Comme le prêtre qui dit chaque jour au Canon de la messe : « Disposez de nos jours dans votre paix », nous qui sommes en guerre, souvenons-nous que Dieu est dans la paix et qu’il la donne aux hommes de bonne volonté, aux hommes qui ont le souci de Le servir à tout prix. Amen.