Le Temps de l’Avent nous met dans les dispositions voulues pour recevoir le Christ dans son premier avènement, puisque les fêtes de Noël sont pour l’Eglise l’anniversaire officiel de la venue du Sauveur et une application actuelle des grâces de l’Incarnation ; et par là même, il nous prépare à être du nombre des bénis de son Père lorsqu’il viendra en son second avènement. La liturgie de l’Avent nous fait donc envisager en même temps les deux avènements, afin que nous aspirions avec la même confiance à l’avènement de grâce et à la venue de notre souverain Juge qui doit un jour nous introduire dans son royaume céleste, au milieu des Anges et des Saints.
« Faites, Seigneur, demande l’Eglise, que recevant avec allégresse votre Fils unique qui vient nous racheter, nous puissions pareillement le contempler avec assurance lorsqu’il viendra nous juger » (Or, Vig. de Noël)
L’Avent nous montre donc que Jésus est le centre de l’histoire du monde. Dès Adam, c’est avec l’attente de son avènement de grâce que l’histoire a commencé, et au temps marqué par Dieu, c’est par l’avènement de gloire qu’elle se terminera. La liturgie fait jouer à tous les chrétiens un rôle dans ce plan divin, car si c’est en répondant à l’appel des justes de l’Ancien Testament que Jésus est venu sur terre, c’est en répondant à l’appel que font entendre, de génération en génération, les âmes fidèles, qu’il vient toujours davantage en elles par sa grâce aux fêtes de Noël, comme c’est en répondant à l’appel des derniers chrétiens, qui seront persécutés par l’Antéchrist à la fin des temps, qu’il hâtera sa venue pour les délivrer. « A cause des élus ces jours seront abrégés », dit Jésus.
Le rôle que la prière joue dans le plan de la Providence est trop essentiel pour qu’elle ne coopère pas à ce double avènement du grand Libérateur ; « Veni, Domine, noli tardare ». Et de même que dans son éternité, Dieu a entendu, en quelque sorte simultanément, toutes ces supplications, l’Eglise aime, dans sa liturgie à supprimer, peut-on dire, les notions de temps et de distance et à rendre par là même, en quelque façon, toutes les générations contemporaines. C’est ainsi que nos aspirations vers le Christ sont identiquement les mêmes que celles des Patriarches et des Prophètes, et que le Bréviaire et le Missel peuvent mettre sur nos lèvres les paroles mêmes qu’ils ont dites autrefois. Au cours des siècles, ce n’est qu’un seul et même cri de foi, d’espérance et d’amour qui s’élève vers Dieu et son divin Fils.
Partageons donc les désirs enthousiastes et les ardentes supplications d’un Isaïe, d’un Jean-Baptiste et de la bénie Vierge Marie, ces trois figures qui résument si parfaitement l’esprit du Temps de l’Avent, et aspirons sincèrement, amoureusement, impatiemment même, après Jésus dans son double avènement. « Le Roi qui va venir, venez, adorons-le »
La préparation au double avènement de Jésus est pour chacun de nous d’autant plus nécessaire que l’un et l’autre sont proches. Le premier, c’est la fête de Noël, qui nous rappelle son évènement passé et nous en applique les grâces ; le second, c’est le moment de notre mort, où déjà est appliquée à notre âme la sentence de l’avènement futur.
La grande joie des chrétiens, celle à laquelle la liturgie nous convie aujourd’hui, c’est de voir approcher « le jour du Seigneur » où il viendra dans sa gloire pour nous introduire dans la cité des cieux. Ce grand jour, que l’Apôtre dit proche, souhaitons avec impatience que Noël nous y prépare et qu’il se réalise promptement. Tous les Venez du Temps de l’Avent font écho, en même temps qu’à ceux des prophètes, au Veni qui termine l’Apocalypse de St Jean : « Venez, Seigneur Jésus » ; c’est le dernier mot du Nouveau Testament. Oui, venez Seigneur Jésus. Amen