Nous sommes entrés dans l’Avent, le temps liturgique par excellence de l’attente du Seigneur qui vient et qui ne tardera pas ! C’est un temps spécial pour toute l’humanité, parce que Jésus est le Sauveur de tous, mais chacun est libre de rechercher les origines divines de l’Amour Eternel qui a créé l’homme. En réalité, la créature humaine, venant de Dieu, porte au-dedans de soi, la nostalgie de Lui, voilée par le désir inexprimable de Bonheur, parce que Dieu-Amour est la Béatitude Suprême. Le péché originel, toutefois, a rempli de confusion et a désorienté l’homme et la femme des débuts, et ainsi, il a dévié la « trajectoire » de leur existence, et la « trajectoire » de notre existence, qui, avant la chute terrible des premiers parents, était « naturellement » orientée vers Dieu, alors que, après, elle est « sortie » de l’orbite céleste.
Depuis que notre nature a été blessée par le péché, nous ne sommes plus attirés spontanément par les choses d’En-haut, nous ne découvrons pas tout de suite en nous l’attente de Dieu, mais nous « errons » comme des gens dépaysés, dans un monde que nous ne connaissons pas, en y cherchant le bonheur. Mais, ni les choses terrestres, ni les créatures humaines, à commencer par notre « moi » lui-même, rempli de soi-même, ne peuvent nous rassasier. Seul Dieu peut combler le vide existentiel en « visitant » le désert de nos solitudes ! Malgré la faute, toutefois, l’attente de grandes choses est restée inscrite de manière indélébile dans le cœur de chaque être vivant. La venue du Rédempteur, à la plénitude des temps, l’Avent du Christ d’il y a deux mille ans, nous a redonné la vraie lumière et l’espérance certaine, si nous avons Foi en Lui, qui éclaire la vocation sublime de chaque homme et de chaque femme : la sainteté ! La consommation, en Lui, de notre désir. C’est pourquoi la conversion sincère n’est pas autre chose qu’un « retour » au sein du Père, guidés par l’Amour du Fils, pour goûter, dans l’Esprit, la vraie vie qui ne finit jamais. Depuis ce premier Avent de Jésus, « nous avons tous reçu grâce sur grâce » (Jean 1, 16) pour combler toute attente de notre cœur, attente profonde de réalisation, désir intense d’immensité, nostalgie poignante de liberté sans limites. En d’autres termes, la béatitude n’est pas impossible à atteindre, elle nous a rejoints pour toujours avec l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein très pur de l’unique créature innocente entre toutes les créatures de la terre : la Bienheureuse Vierge Marie ! Dans l’Immaculée, l’Avent s’accomplit en plénitude, et c’est même grâce à elle que la venue de Jésus a pu se réaliser. Ses paroles « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole » (Luc 1, 38), a fait se déchirer les cieux, et l’attente des Nations s’est finalement réalisée, parce qu’est arrivé le Désiré de tous : notre Seigneur Jésus. Isaïe n’aurait jamais pu imaginer dans quelle mesure se serait réalisée sa prophétie : « Voici, la vierge concevra et elle enfantera un Fils qui sera appelé Emmanuel, Dieu-avec-nous » (Isaïe, 7,14), ou encore sa supplique : « Cieux ! Répandez comme une rosée la victoire, et que les nués la fassent pleuvoir ! Que la terre s’entrouvre pour que mûrisse le salut » (Isaïe 45, 8) (cf. Hymne, « Rorate caeli desuper et nubes pluant Justum ; aperiatur terra et germinet Salvatorem »).
C’est pourquoi, au début du temps de l’Avent, brille dans toute sa splendeur la lumière de l’Immaculée, qui nous touche de sa tendresse et de sa chaleur, pour nous introduire dans le mystère du Soleil qu’est Jésus, et qui se lève, grâce à Elle, dans nos cœurs. Ecoutons ce bel extrait de l’hymne Acathiste : « Un ange, parmi ceux qui se tiennent devant la Gloire du Seigneur, fut envoyé dire à la Mère de Dieu : “Réjouis-toi ! Il incline les cieux et descend, Celui qui vient demeurer en toi dans toute sa plénitude. Je le vois dans ton sein prendre chair à ma salutation !” Avec allégresse, l’ange l’acclame : « Réjouis-toi en qui resplendit la joie du Salut ; Réjouis-toi en qui s’éteint la sombre malédiction ; Réjouis-toi en qui Adam est relevé de sa chute ; Réjouis-toi en qui Ève est libérée de ses larmes ; « Réjouis-toi Montagne dont la hauteur dépasse la pensée des hommes ; Réjouis-toi Abîme à la profondeur insondable même aux anges ; Réjouis-toi tu deviens le Trône du Roi ; Réjouis-toi tu portes en ton sein Celui qui porte tout ; « Réjouis-toi Étoile qui annonce le Lever du Soleil ; Réjouis-toi tu accueilles en ta chair ton enfant et ton Dieu ; Réjouis-toi tu es la première de la Création Nouvelle ; Réjouis-toi en toi nous adorons l’Artisan de l’univers ; « Réjouis-toi Épouse inépousée ! ». (Extrait de l’hymne liturgique Acathiste, 5° siècle). Amen