Le Temps après la Pentecôte est le symbole du long pèlerinage de l’Eglise vers le ciel, et les derniers dimanches, qui en sont comme les dernières étapes, nous font entrevoir la fin des temps. Au Bréviaire on lit les prophètes qui annoncent la fin du monde.
Lorsque les Chaldéens eurent emmené les Juifs en captivité à Babylone, Jérémie parcourut les ruines de Jérusalem en exhalant ses Lamentations. Mais il prophétisa aussi l’avènement du Messie qui devait restaurer toutes choses. Ezéchiel prophétisa en plein exil la volonté de Dieu de sauver son peuple. Daniel, qui était aussi parmi les captifs de Babylone, déclare au roi Nabuchodonosor que la petite pierre qu’il a vue en songe renverser la statue d’or, d’argent, de fer et d’argile, et devenir elle-même une grande montagne, est en réalité la figure du Christ dont le royaume consumera tous les royaumes et subsistera éternellement.
Le prophète Osée, quant à lui, annonça que Dieu mettrait fin au royaume d’Israël et qu’à un peuple qui n’était pas son peuple il serait dit : Vous êtes les fils du Dieu vivant, et qu’ensuite les fils de Juda et les fils d’Israël se réuniraient ensemble et se donneraient un seul chef : paroles, dit St Augustin, qui sont une prophétie de la vocation des Gentils et de la réunion définitive des Juifs et des Gentils, à la fin du monde, en un seul et grand peuple racheté par le Christ.
Toute la messe d’aujourd’hui s’éclaire à la lumière de ces prophéties. L’Introït est emprunté à Jérémie qui annonce la fin d’une captivité dont celle de Babylone n’était que la figure. Quel encouragement ne devons-nous pas trouver dans cette pensée : un jour viendra qui marquera la fin de notre exil et l’Eglise, en nous le rappelant, tient à nous assurer que « les pensées du Seigneur sont des pensées de paix ». Le Graduel est un chant de délivrance. Le De Profundis de l’Alléluia, repris à l’offertoire, est un appel lancé dans la détresse mais sûr d’être exaucé (Comm.)
St Paul nous invite dans l’épître à abandonner le goût des choses de la terre pour nous attacher à celles du ciel, et à vivre ainsi déjà dans le ciel « dont nous sommes les citoyens et d’où nous attendons le Sauveur ». L’Eglise, qui fait écho à son appel, en nous demandant de « rester ferme dans le Seigneur », se souvient aussi de la faiblesse humaine pour nous faire implorer de Dieu le pardon de nos péchés et son aide pour n’y pas retomber (Or. et Postc.)
L’évangile, qui est un double récit de guérison et de résurrection, dit également la grande miséricorde et la puissance du Seigneur ; la fin du monde, en même temps que la manifestation de la justice divine, sera la révélation d’une rédemption incomparable dont les miracles du Christ peuvent ici-bas nous donner quelque idée mais dont la claire vue seule pourra nous révéler toute la grandeur et l’étendue.
Cette œuvre immense de salut, songeons que nous y sommes mêlés et qu’elle se joue actuellement pour nous. Demandons à Dieu avec l’Eglise qu’il daigne, dans sa bonté, « continuer en nous l’œuvre que, sans mérite de notre part, il y a commencée ». (Secr.) Amen