Nous venons d’entendre l’évangile du Centurion. Aussi, aujourd’hui je voudrais vous poser une interrogation sur la place de la prière dans notre vie. Pourquoi doit-elle être si grande ?…Pourquoi faut-il prier ?…
C’est bien simple ! Il faut prier d’abord parce que Dieu est Dieu et que nous ne sommes que des hommes, ses créatures. Des êtres qui ont tout reçu : la vie, le mouvement, l’être…Des gens qui ont tout reçu et qui ont besoin de tout. A chaque instant et toujours ! Indigents de salut plus encore que de tout le reste…La demande constante est le signe même de notre condition, de notre dépendance absolue sur tous les plans. Et la louange, aussi nécessaire que continue, ne pourra jamais égaler l’ampleur du don reçu.
Comme chrétiens, il faut aussi prier, parce que le Seigneur Jésus nous a demandé de le faire. De le faire sans jamais nous lasser. A l’image de la veuve auprès du juge corrompu ou de l’ami importun qui ne craint pas de déranger même en pleine nuit. A l’image de Jésus lui-même qu’on voit se retirer sur la montagne et passer la nuit à prier Dieu. Comme il sait que c’est difficile, il nous a même appris comment prier et nous a laissé la plus belle de toutes les prières…
Toujours comme chrétiens, il faut encore prier parce que si nous prétendons être les enfants du Père, les amis de Jésus, et que nous ne trouvons jamais un moment pour le passer en leur compagnie, nous nous trompons nous-mêmes sur la qualité de notre amour. Que penser d’un ami qui n’aurait jamais le temps de sortir en compagnie de son ami ?…Alors qu’il est pourtant là, qu’il se tient à la porte et qu’il frappe et qu’il ne veut qu’une chose : manger avec nous, parler avec nous de tout et de rien, comme un ami le fait avec son ami…
Nous avons encore une nouvelle raison de prier : l’exemple des saints : St Dominique, St Benoît, et bien d’autres évidemment qui suivaient l’exemple de Jésus, passant leurs nuits en prière et nous laissant des gestes d’homme qui exprimaient la prière de leur cœur. Mais il ne s’agit pas d’une simple mimique ! Que nous soyons prêtres, religieux ou simples laïcs, notre parole ne saurait avoir sa vérité, sa densité, que si elle est nourrie d’une méditation ‘croyante’, il va de soi, et prolongée. Une méditation où le cœur doit entrer tout autant que l’intelligence si nous voulons inviter sans provoquer, partager sans imposer, offrir sans blesser…
Il faut prier enfin comme tous les croyants. Comme croyants membres d’une communion qui dépasse de beaucoup les limites perceptibles à l’œil nu de l’Eglise catholique. Comme des gens écrasés par la misère du monde et qui savent qu’au-delà de tout ce que nous pouvons faire – comme les combattants que Moïse soutenait de sa prière – le salut ne se trouve qu’en Dieu seul. Comme des gens assoiffés de justice et de paix et qui, à défaut de pouvoir agir autrement, savent que le combat de la prière reste la seule arme pour obtenir de Dieu qu’il tienne enfin la promesse du Magnificat et qu’il mette fin à l’écrasement des pauvres par les riches, des faibles par ceux qui ont la puissance et la force, et qui ferment leurs oreilles à la voix des malheureux – au nom de leur bon droit…
Dieu ne baisse pas les bras. Ce sont ceux de Moïse qui se fatiguent ! Dieu ne baisse pas les bras. Mais nous ?… Prenons-nous les moyens de tenir les bras dressés vers le ciel ?… Amen