Au Bréviaire romain du Pape St Pie X nous lisons ce mois-ci les sentences de Salomon qui, au témoignage même de l’Ecriture, nous sont données « pour connaître la sagesse et la discipline, pour comprendre les paroles de la prudence et pour recevoir les instructions de la doctrine, la justice, l’équité et le jugement… » Salomon n’était que la figure du Christ, la Sagesse incarnée, qui apporte aux hommes la vraie sagesse : « Heureux, dit Notre-Seigneur lui-même dans l’évangile d’aujourd’hui, les yeux qui voient ce que vous voyez ; car beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ils ne l’ont point vu, entendre ce que vous entendez, et ils ne l’ont point entendu ». Heureux, dit St Bède, les yeux qui peuvent connaître les mystères du Seigneur dont il est dit : « Vous les avez révélés aux humbles et aux petits ». Tournons-nous vers le Christ et son Eglise pour recueillir dans leur enseignement cette sagesse supérieure qui doit inspirer toute notre vie. Et Justement : sous la forme d’une parabole, celle du bon Samaritain, Jésus nous explique, à la fois, comment il est venu au secours du genre humain et quelle doit être notre conduite à nous à l’égard du prochain.
A la suite du péché originel, l’homme est comme un voyageur que des voleurs ont dépouillé de ses biens et laissé à demi-mort sur le bord du chemin. Les prêtres et les ministres de l’ancienne Loi se sont désintéressés de son sort, impuissants qu’ils étaient d’ailleurs à assurer le salut du genre humain. Vint alors le Sauveur, représenté par le bon Samaritain. « En se faisant homme, dit St Bède, il s’approcha de nous, et se penchant sur notre misère, il guérit nos plaies en y versant cette huile et ce vin que sont les sacrements guérisseurs de nos âmes. L’hôtellerie où nous sommes, par ses soin, c’est l’Eglise où Jésus nous a conduits lui-même et où continuent de nous être donnés l’onction de la grâce, l’huile des sacrements, le pain et le vin de son Eucharistie, qui doivent nous permettre de continuer notre route jusqu’au ciel qui est la patrie du genre humain » (d’après l’homélie à matines)
Ce que Dieu a fait pour nous et ce dont le divin Samaritain nous donne l’exemple, nous avons à le réaliser à notre tour pour notre prochain. C’est notre grandeur en même temps que notre devoir de pouvoir, dans notre charité envers nos semblables, imiter Dieu dans la miséricorde infinie qu’il exerce à notre égard.
Cet amour du prochain, dont le Christ a fait son grand commandement, a quelque chose de divin : il est surnaturel dans son origine, puisqu’il procède de l’Esprit-Saint, et surnaturel dans son objet, puisqu’il s’adresse à Dieu dans la personne de nos frères.
Souvenons-nous, en le pratiquant, que notre prochain, ce n’est pas uniquement comme le pensaient les Juifs, ceux qui nous sont proches par les liens du sang, mais quiconque est dans le besoin ; et dans l’amour du Christ qui nous anime, sachons toujours, comme lui, aimer ceux qui nous haïssent et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort. En agissant de la sorte, nous imiterons Notre-Seigneur, et avec lui notre Père de cieux dont le chant d’offertoire de la messe nous dit, aujourd’hui, les pardons sans fin. Amen