Quel Catholique ignore que le Père est vraiment Père, le Fils vraiment Fils, et l’Esprit-Saint vraiment Esprit-Saint ? Ainsi que le Seigneur lui-même l’a dit à ses Apôtres : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est là cette Trinité parfaite dans l’unité d’une unique substance, à laquelle nous faisons profession de croire. Car nous n’admettons point en Dieu de division à la manière des substances corporelles ; mais à cause de la puissance de la nature divine qui est immatérielle, nous faisons profession de croire, et à la distinction réelle des personnes que nous nommons, et à l’unité de la nature divine.
Nous ne disons point, comme quelques-uns l’ont imaginé, que le Fils de Dieu est une extension de quelque partie de Dieu ; nous n’admettons pas non plus un Verbe sans réalité, tel qu’est le simple son de la voix ; mais nous croyons que les trois appellations et les trois personnes ont une même essence, une même majesté, une même puissance. Nous confessons donc un seul Dieu, parce que l’unité de la majesté nous défend de nommer plusieurs Dieux.
Enfin nous nommons distinctement, conformément aux règles catholiques du langage, le Père et le Fils, mais nous ne pouvons ni ne devons dire deux Dieux. Ce n’est pas que le Fils de Dieu ne soit Dieu, étant vrai Dieu de Dieu, mais parce que nous savons qu’il n’a point d’autre principe que son Père, nous disons qu’il n’y a qu’un Dieu. C’est là ce que nous ont transmis les Prophètes et les Apôtres ; c’est là ce que le Seigneur lui-même nous a enseigné, quand il a dit : « Moi et mon Père, nous sommes Un, une seule chose. » Par ces mots « Un, une seule chose », il exprime, comme je l’ai dit, l’unité de la divinité ; et par ceux-ci : « nous sommes, » il marque la pluralité des personnes.
Par cette unité de nature, le Père est tout entier dans le Fils et le Saint-Esprit ; le Fils tout entier dans le Père et le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit tout entier dans le Père et dans le Fils. Aucune de ces trois personnes ne subsiste séparée et comme en dehors des deux autres, car il n’en est aucune qui précède les autres en éternité, ou qui les dépasse en grandeur, ou qui les surpasse en puissance. Le Père, en ce qui touche à l’unité de la nature divine, n’est ni plus ancien, ni plus grand que le Fils et que l’Esprit-Saint ; de même, l’éternité et l’immensité du Fils ne peut non plus, par la nécessité de la nature divine, surpasser l’éternité et l’immensité du Saint-Esprit.
La révélation du dogme de la Très Sainte Trinité est un de ces secrets que les Hébreux avaient seulement entrevus mystérieusement, mais qui ne fut expressément révélé que dans la Nouvelle Loi. Il regarde la vie intime de Dieu ; or, les choses intimes ne se disent pas à tous, mais seulement aux amis. La connaissance de Dieu trine dans les Personnes et un dans son essence, marque le plus haut sommet de la science théologique et confère au peuple chrétien une perfection et une dignité si grandes qu’on peut bien dire qu’en ce dogme réside l’honneur, la gloire et le salut de l’Église. C’est donc fort à propos, après que l’Esprit Saint est venu instruire le troupeau des fidèles, les initiant à la possession intégrale de la vérité divine, que la famille chrétienne s’élève à la contemplation et à l’adoration « in Spiritu et veritate » de l’auguste Trinité, qui constitue la fin première et essentielle de l’Incarnation du Sauveur et de la rédemption du monde. Amen