Pie XII institua la Solennité de Saint Joseph Artisan le 1er mai, en 1955, ce qui fit disparaître l’ancienne fête du Patronage de St Joseph.
Cette fête était d’institution récente : en 1847, Pie IX avait étendu à tout le rite romain la fête du Patronage de saint Joseph, qui était d’origine carmélitaine. Elle fut fixée au 3ème dimanche après Pâques.
En 1870, après la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle, Pie IX éleva la fête à la dignité de 1ère classe.
Pie X en 1911, en changea l’intitulé comme Solennité de saint Joseph, patron de l’Église universelle et la dota d’une octave.
La réforme du calendrier de saint Pie X, désirant libérer les dimanches perpétuellement empêchés par une fête de saint, déplaça en 1913 la solennité au mercredi précédent (le mercredi étant le jour spécialement consacré à saint Joseph dans la dévotion).
L’échec de la christianisation de la fête du travail étant patent plus de 50 ans après, et le calendrier réformé de 1969 ayant réduit la fête de saint Joseph artisan à une simple mémoire (facultative !), il nous a paru bon de rappeler l’historique de cette fête du patronage de saint Joseph, peut-être trop oublié de nos jours, d’autant que nous ne la solennisons maintenant que lorsque le 1er mai tombe un dimanche.
C’est une règle universelle pour toutes les grâces accordées à quelque créature raisonnable : lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement de ces dons. Ce principe s’est surtout vérifié en saint Joseph, père putatif de notre Seigneur Jésus-Christ, et véritable époux de la Reine du monde, de la Souveraine des Anges. Choisi par le Père éternel pour être le fidèle nourricier et le gardien de ses plus grands trésors, c’est-à-dire de son Fils et de son épouse, il s’est acquitté très fidèlement de son office. Aussi le Seigneur lui a dit : « Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur. »
Si vous considérez saint Joseph par rapport à toute l’Église du Christ, n’est-il point cet homme choisi et doué d’une prérogative unique, sous la garde duquel le Christ a été placé à son entrée dans le monde, et dont Dieu s’est servi pour sauvegarder l’ordre et l’honneur de cette naissance divine ? Si donc l’Église entière est redevable à la vierge mère, puisque c’est par Marie qu’elle a été rendue digne de recevoir le Sauveur, sans aucun doute, après Marie, l’Église doit une reconnaissance et une vénération singulières à saint Joseph. Il est comme la clef de l’ancien Testament, car c’est en lui que le mérite des Patriarches et des Prophètes a atteint le terme de ses espérances. Seul il possède réellement ce que la bonté divine promit à ces justes des temps anciens. Il est donc figuré avec raison par ce Patriarche Joseph, qui conserva le froment aux peuples. Cependant il le surpasse, car il a fait plus que fournir aux Égyptiens le pain de la vie matérielle ; en nourrissant Jésus avec un soin très vigilant, il a procuré à tous les élus, le pain du ciel, qui donne la vie céleste.
Assurément il ne faut point douter que le Christ, se comportant envers Joseph comme un fils envers son père, n’ait conservé dans les cieux, ou plutôt n’ait augmenté et consommé la familiarité, le respect et la dignité très sublime qu’il lui avait accordés pendant sa vie terrestre. C’est donc avec raison que, dans la parole divine citée plus haut, le Seigneur ajoute : « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Bien que la joie de l’éternelle béatitude entre dans le cœur de l’homme, néanmoins le Seigneur a préféré dire : « Entre dans la joie », pour insinuer mystérieusement que cette joie n’est pas seulement en lui, mais qu’elle l’enveloppe de tous côtés, l’absorbe et le submerge comme un abîme sans fond. Souvenez-vous donc de nous, ô bienheureux Joseph, intercédez pour nous par le suffrage de votre prière, auprès de celui qui a passé pour votre fils ; et en même temps rendez-nous propice votre épouse, la bienheureuse Vierge mère de celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne dans tous les siècles. Amen.