La belle fête de ce premier jour du triduum pascal, nous fait contempler et méditer les signes merveilleux de l’amour de Dieu pour l’humanité mais aussi le chemin du bonheur que Dieu ouvre devant chacun de nous. Trois signes importants nous parlent.
Il y a la table. Il y a l’eau. Il y a le geste. Ces trois signes rappellent les trois fonctions de la grâce baptismale : prêtre, prophète et roi. C’était il y a deux mille ans. Ce soir-là, Jésus et les apôtres étaient à table.
La table, (dimension royale) c’est l’espace de la rencontre. C’est le lieu du partage. Le lieu du brassage. La table est aussi un lieu de passage. Bien souvent, dans plusieurs cultures, son rite est précédé et présidé par le labeur de la maîtresse de maison… qui annonce d’ailleurs : « on passe à table. » C’est donc un passage comme Pâque qui veut dire passage. Et l’Evangile de ce jour commence avec ces mots : avant la fête de la pâque. Alors qu’ils étaient à table, réunis pour manger et boire la coupe de bénédiction.Mais la table n’est pas simplement le lieu où chacun peut dévorer goulûment son repas pour retourner à ses jeux et occupations. Elle est un appel à vivre la communauté familiale, conjugale, ecclésiale ou amicale. C’est pour cela que dans les consignes données par le Seigneur à Moïse pour le peuple Hébreu, Dieu dit : Que l’agneau soit mangé par la famille, la maisonnée ou avec les gens du voisinage.
C’est ainsi que le repas devient signe pour la communauté et chemin de Communion. Dieu est communion trinitaire. Dieu est une communauté d’amour. Le Père est l’Aimant ; le Fils est l’Aimé ; et l’Esprit saint est Amour. Ainsi, dans l’Eucharistie, dans le très saint sacrement de l’autel, « sont contenus vraiment réellement, et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ et par conséquent le Christ tout entier » (CEC1374) « On ne l’appréhende pas par les sens, disait saint Thomas d’Aquin. Mais par la foi. » Voilà pourquoi saint Cyrille d’Alexandrie écrivait : « Ne va pas te demander si c’est vrai mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui qui est la Vérité ne ment pas. » Ici encore c’est une question d’amour. Dans la vie qui peut vraiment aimer s’il ne croit pas du tout, en celui ou celle qui lui fait une déclaration d’amour ? Lui a tellement aimé (il les aima jusqu’au bout jusqu’à l’extrême) et il s’est offert : Corps livré sang versé. Pour nous fortifier.
Or ce que le sacrement de l’Eucharistie révèle, c’est que Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils. (Jn3,16s) Pour nous sanctifier, nous PURIFIER.
Ici apparaît le deuxième signe : L’eau. (dimension sacerdotale) Alors qu’ils étaient à table, Jésus prit de l’eau dans un bassin. Il ne faut pas séparer le signe de la table et le signe de l’eau. A la table est donné le corps.Mais il n’y a de corps qui vive sans eau. Ce qui est vrai physiologiquement, l’est aussi spirituellement. Car pour être accueilli à la table de la sainte communion il faut recevoir l’eau du baptême. Plus encore, Jésus disait à Nicodème que pour avoir part au Royaume il faut naître de l’eau et l’Esprit. Avoir part ? C’est exactement ce que Jésus dit à Pierre dans l’Évangile quand Pierre proteste et se moque presque : Jésus lui dit : « si je ne te lave pas, tu n’auras de part avec moi. Cela reste aussi vrai pour le repas. On y prend part. Pas seulement pour manger sa part et oublier les autres mais pour que chacun ait sa part. « La belle part » non palpable invisible mais réel. La part De joie, de délices, de breuvage, d’eau et de vin, d’amitié, d’attention, de délicatesse, d’écoute, de tendresse, de compliments, de remerciements (pour celui ou celle qui a préparé et servi) de félicitations pour ceux et celles qui ont été cheville ouvrière du repas. Car il contient toujours une dimension de service.
Le geste de Jésus. Laver les pieds. (dimension prophétique)
Les pieds, à l’opposé de la tête représentent à la fois notre force et fierté d’être debout (CHEVILLE) mais aussi notre faiblesse (Talon d’Achille). En posant ce geste réservé aux esclaves et aux serviteurs d’autrefois, Jésus instaure un ordre nouveau. Il déclare « c’est un exemple que je vous donne. » Le commandement par l’exemple. La leçon par la vertu. L’autorité par le service. La hiérarchie par l’humilité. (c’est un exemple que je vous ai donné).
« Le commandement principal de ce Jeudi-Saint est ce souci que chacun doit avoir de servir l’amélioration du prochain. »C’est le sacrement de l’autre par excellence : Voilà le secret du bonheur à vivre, à faire. À faire comme le pain (repas), à apprécier comme la coupe, à faire comme un témoignage : N’est-ce pas pour cela que Jésus a dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ? » Amen