La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, n’a pas besoin d’explication ; mais pour ne pas sembler la passer sous silence, disons un mot d’exhortation plutôt que d’explication. Je ne vois rien que nous devions expliquer, sauf ceci : pourquoi celui qui était venu demander le salut pour son fils s’est-il entendu dire : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges vous ne croirez pas » ? Il est évident que celui qui cherchait à sauver son fils croyait. Autrement, aurait-il cherché le salut auprès de quelqu’un qu’il ne croyait pas être Sauveur ? Pourquoi, donc, est-il dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », à celui qui a cru avant d’avoir vu des miracles ?
Rappelez-vous ce qu’il a demandé alors vous verrez plus clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il lui demanda de « descendre et de guérir son fils ». Donc il cherchait la présence corporelle du Seigneur qui, par son esprit était présent partout. C’est en cela qu’il n’a pas cru assez en celui qu’il n’a pas estimé capable de rendre le salut s’il n’était pas présent corporellement. S’il avait cru parfaitement, il aurait tenu pour certain qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit.
Il a donc grandement manqué de confiance parce qu’il n’a pas rendu honneur à la majesté, mais à la présence corporelle. Il demanda donc le salut de son fils, et cependant il douta dans sa foi : parce que celui à qui il était venu, il le crut puissant pour guérir, pourtant il l’estima éloigné de son fils mourant. Mais le Seigneur qui est prié de venir montre qu’il n’est pas absent du lieu où il est invité : par son seul commandement il rendit le salut, lui qui par sa volonté a tout créé.
En conclusion logique, la préoccupation essentielle de notre vie devrait être la guérison de notre âme malade, pour laquelle nous devons adresser en toute confiance la prière que fit l’officier du roi. « Descendez avant que mon âme ne meure ! » ; descendez maintenant jusqu’à nous au Saint Sacrifice, afin que notre âme soit guérie ; descendez à votre retour dans cette vallée de larmes, (c’est-à-dire à notre mort) afin que nous soyons guéris et ressuscités, corps et âme. A la consécration, Jésus descend réellement et apporte à notre âme une nouvelle grâce de rédemption ; c’est le même Sauveur qui descendra un jour, au jugement dernier, « pour juger les vivants et les morts ». Amen