En ce 2ème dimanche de Carême, l’Eglise nous fait lire à matines l’histoire de la bénédiction solennelle accordée au patriarche Jacob par son vieux père Isaac aux approches de sa mort. Tous les chrétiens connaissent cette belle page de la Genèse, que l’on retrouve dans le missel comme épître de la messe de samedi prochain. A la suite d’Abraham et d’Isaac, c’est Jacob qui, par une disposition providentielle, est choisi de préférence à Esaü, son aîné, pour devenir l’héritier des promesses et des bénédictions divines : « Sois le maître de tes frères ; que les nations se prosternent devant toi ; – Toutes les nations seront bénies en toi et en Celui qui naîtra de toi » (Gen. 27, 29 et 28,14)
Les Pères n’ont pas manqué de voir dans le Patriarche Jacob évinçant son aîné pour devenir à sa place l’objet des prédilections divines, une figure du Christ, second Adam, devenu, de par Dieu, à sa place le chef d’une humanité régénérée et bénie de Dieu, celui qui est « l’objet de toutes les complaisances » du Père céleste et en qui sont bénies toutes les nations.
Rapproché du texte de la Genèse, l’évangile de la Transfiguration leur a paru réaliser ce que préfigurait, jusque dans ses détails, le récit biblique de la bénédiction de Jacob. Dieu bénit son Fils revêtu de notre chair, comme Isaac avait béni Jacob revêtu des vêtements de son frère ; et St Augustin, qui fait des peaux de chevreau, le symbole du péché, voit en Jacob qui s’en couvre le cou et les mains, « l’image de Celui qui étant sans péché a pris sur lui ceux d’autrui ». (2ème nocturne de matines)
On voit comment dans l’histoire de Jacob tout est figuratif du Christ et de l’Eglise. Souvenons-nous que Jésus, le Fils de Dieu, que l’évangile d’aujourd’hui nous montre transfiguré sur le Thabor et l’objet des complaisances du Père, s’est solidarisé avec nous jusqu’à prendre « une chair semblable à notre chair de péché », comme dit St Paul, et qu’il est mort sur la croix pour faire de nous les cohéritiers de sa gloire et des fils bien-aimés de son Père des cieux.
C’est en Jésus que nous sommes bénis par Dieu ; c’est lui qui est notre aîné, notre chef ; réclamons-nous de lui dans notre prière ; obéissons à sa loi et unissons-nous tous à lui dans notre effort pour nous purifier et élever vers Dieu.
Et que la vue des grandeurs de Jésus transfiguré nous prépare à contempler bientôt avec un grand esprit de foi les humiliations de sa Passion. Amen