L’aveugle-né dont nous parle l’évangile de ce dimanche, est assurément le genre humain, nous dit St Grégoire. Depuis qu’il a été expulsé du paradis en la personne de notre premier père, il ignore les clartés de la lumière surnaturelle et souffre d’avoir été ainsi plongé dans les ténèbres par sa condamnation. C’est Jésus qui, par les mérites de sa passion, doit nous ouvrir les yeux comme pour l’aveugle de Jéricho, et nous délivrer à la fois de la captivité du péché et de l’erreur.
La foi en Jésus mort et ressuscité, qui mérita à Abraham de devenir le Père de toutes les nations et qui nous permet à tous de devenir ses enfants fait précisément l’objet de l’évangile. Le Christ y annonce sa passion et son triomphe et rend la vue à un aveugle en lui disant : C’est ta foi qui t’a sauvé. « Cet aveugle, commente St Grégoire, recouvra la vue sous les yeux des apôtres pour que le spectacle des œuvres divines affermît la foi de ceux qui ne pouvaient encore saisir l’annonce d’un mystère céleste. Car il fallait qu’en le voyant mourir plus tard de la manière qu’il avait annoncée, ils ne doutassent point qu’il devait aussi ressusciter » (leçon de matines)
L’épître, également met en pleine valeur la foi d’Abraham à travers ce magnifique plaidoyer de St Paul d’une foi toute animé par la charité, comme doit l’être la nôtre ; une foi qui s’exécute par amour pour Dieu, confiante en ses promesses, même quand elle ne comprend pas les secrets desseins de Dieu. Ce n’est pas en étant fils d’Abraham par la chair que l’homme est sauvé, mais en l’étant par une foi semblable à celle d’Abraham. « Dans le Christ Jésus, écrit St Paul, ni la circoncision (Juifs), ni l’incirconcision (Gentils), ne servent de rien, mais la foi qui agit par la charité ».
N’oublions jamais que le mérite de nos œuvres, comme aussi la lumière dont est éclairée notre âme, sont en proportion de notre charité. Préparons donc notre volonté au détachement de tout ce qui s’oppose à la charité divine en elle, afin qu’après avoir entrevu Dieu par la foi sur la terre, nous puissions au ciel « le contempler face à face » dans toute la plénitude de notre amour pour lui. Amen
L’abbé Luc Pecha