Le Cycle de Noël peut se comparer à un drame grandiose en trois actes qui a pour but de manifester de trois manières distinctes l’incarnation du Verbe et la sanctification de l’homme par sa participation à la nature divine.
Le premier acte se développe durant les quatre semaines de l’Avent. Il nous révèle, par des figures et des paroles prophétiques, le grand dogme d’un Dieu fait homme et nous prépare à participer à ce grand mystère.
Le Temps de Noël, lui, embrasse tous les mystères de l’enfance de Jésus, et « nous fait voir de nos yeux et toucher de nos mains le Verbe de vie, qui était dans le sein du Père et qui nous est apparu pour que nous puissions entrer en communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. » (St Jn 1, 4)
Enfin le Temps après l’Epiphanie vient prolonger le Temps de Noël. La divinité de Jésus continue à s’affirmer. Ce ne sont plus les Anges du Gloria in excelsis, ni l’étoile des Mages, ni même la voix du Père et l’apparition de l’Esprit-Saint, comme au baptême de Notre-Seigneur, mais c’est le Christ lui-même qui parle et agit en Dieu. Aussi les évangiles du 2è, 3è, et 4è dimanches après l’Epiphanie sont extraits de la série des miracles que St Matthieu relate pour prouver que Jésus est le Messie. Jésus commande à la maladie, à la mer, aux vents ; il change de l’eau en vin, il guérit à distance ou par un simple geste. Il est vraiment Dieu. Jésus parle aussi comme seul un Dieu peut le faire. Ce temps après l’Epiphanie est donc bien, comme tout le Cycle de Noël, le temps consacré aux épiphanies, c’est-à-dire, aux manifestations de la divinité de Jésus.
Le miracle de Cana que nous célébrons aujourd’hui manifeste la divinité de Jésus. Il montre aussi combien Marie est puissante sur le cœur de son Fils ; mais St Ambroise fait remarquer à quoi s’emploie la puissante intercession de Marie : on voit bien ici qu’ « elle avait appris de son Fils à ne pas demander de lui un service ordinaire, mais de ces services seulement que Dieu seul est capable de rendre ».
« Ayant été invité aux noces célébrées à Cana, dit St Augustin, le Sauveur s’y est rendu pour nous révéler le mystère signifié par ces noces et qui est l’union du Christ et de son Eglise ».
En même temps que la confirmation de la mission du Christ, tous les Pères ont vu dans le miracle de Cana le symbole de l’Eucharistie, où Jésus change le vin en son sang, et par-delà l’Eucharistie, cette alliance du Christ avec nos âmes qu’il a scellée de son sang sur la croix et qui se consomme pour nous dans la sainte communion. Ce sont là les noces divines de la terre où se préparent les noces éternelles du ciel. Nous étions de l’eau, le Christ a fait de nous du vin : nous transformer et nous sanctifier en nous unissant à lui, voilà où tend l’Incarnation du Christ et l’effet merveilleux de son retentissement infini dans nos âmes. La conversion de l’eau en vin, dit St Thomas d’Aquin, est un symbole de la transsubstantiation, le plus grand de tous les miracles, en vertu duquel le vin eucharistique devient le sang de l’alliance de paix que Dieu a établie avec son Eglise.
Ne nous lassons pas de relire ces beaux textes et de les méditer avant que n’arrive le cycle du grand drame de la Passion rédemptrice qu’ils annoncent. Amen
Le Père Pecha