La fête de la Purification vient clore le Cycle du Temps de Noël et de l’Epiphanie. C’est une des plus anciennes solennités de la Vierge et qui occupait à Rome, au VIIe siècle, le second rang après l’Assomption. Cette fête est célébrée le 2 février, parce que, voulant se soumettre à la loi mosaïque, Marie devait aller à Jérusalem, 40 jours après la naissance de Jésus (25 décembre-2 février) pour y offrir le sacrifice prescrit. Les mères devaient donner un agneau, ou, si leurs moyens ne le leur permettaient pas, « deux tourterelles ou deux jeunes pigeons ». La Sainte Vierge amena avec elle à Jérusalem l’Enfant Jésus, et la procession de la Chandeleur rappelle le voyage de Marie et de Joseph montant au temple, pour y présenter « l’Ange de l’Alliance » (Epître, Introït), comme l’avait prédit Malachie. Les messes de l’Annonciation, de l’Assomption, de la Nativité de Marie, de l’Exaltation de la Sainte Croix et de la Chandeleur avaient autrefois leur procession. Cette dernière seule reste. « La cire des cierges signifie la chair virginale du divin enfant, dit S. Anselme, la mèche figure son âme et la flamme sa divinité ». La Purification, à laquelle la mère du Sauveur n’était pas astreinte, car elle enfanta en dehors des lois ordinaires, passe au second plan dans la liturgie et c’est la Présentation de Jésus qui est l’objet principal de cette fête. Si l’on rattache cette solennité au Temps de Noël, on y voit Jésus manifesté par Siméon, comme le Dieu qui « illuminera de sa lumière les Gentils et sera la gloire du peuple d’Israël » (Évangile) ; et si on la considère comme appartenant au Temps après l’Epiphanie, on adore Jésus dans l’accomplissement de cette prophétie, soit aux noces de Cana où il commence à manifester sa gloire. (Ev. 2ème Dim. Après l’Epiphanie), soit au milieu des foules, lorsqu’il répand la lumière de sa doctrine (Ev des 5ème et 6ème Dim.). Je vous invite à relire la 4ème oraison de la bénédiction des cierges, afin de comprendre le symbolisme de la lampe du sanctuaire et des cierges bénits en ce jour, et de bien savoir l’usage qu’il faut en faire au lit des mourants, dans les orages et dans les périls que peuvent courir « notre corps et notre âme sur terre et sur les eaux ». (1ère Oraison de la bénédiction des cierges).
Les Grecs appellent cette fête d’une manière très significative, « la Rencontre ». L’humanité rencontre le Seigneur dans le temple (dans l’Église). Le médiateur de cette rencontre est le vieillard Siméon, c’est pourquoi la liturgie aime à s’arrêter aujourd’hui devant cette figure vénérable.
Le second thème important de cette fête, nous l’avons dit, c’est la lumière. Nous connaissons déjà le haut symbolisme de la lumière. Elle signifie le Christ et la vie divine du Christ en nous. Les paroles du vieillard Siméon : « la lumière qui éclaire les nations » donnent à l’Église l’occasion de célébrer une véritable fête de lumière. L’Église bénit aujourd’hui des cierges pour son usage liturgique, mais elle met aussi des cierges dans les mains des fidèles. Ils doivent faire brûler ces cierges chez eux, dans leurs cérémonies domestiques, au moment de l’orage et du péril, et, spécialement, au moment du Saint-Viatique et de l’Extrême-Onction. L’Église veut nous faire souvenir en même temps de notre cierge de Baptême, signe de notre titre d’enfants de Dieu et du ministère sacerdotal constant des fidèles. Tous les ans, nous recevons de nouveau le cierge du Baptême, afin que nous puissions aller en hâte « avec une lampe allumée » au-devant de l’Époux quand il viendra pour les noces.
Qu’il est beau ce symbolisme de la lumière ! Nous recevons les cierges des mains de l’Église. Quel est le sens de ce rite ? L’Église nous donne sans cesse le Christ et la vie divine. Nous portons aujourd’hui, en procession, la lumière allumée, c’est le symbole de la vie chrétienne ; ainsi devons-nous porter le Christ en nous. Avec la lumière dans nos mains, nous rentrons, après la procession, dans l’église ; (quand on peut faire cette procession dehors) ; c’est la maison de Dieu, symbole du ciel. Ainsi marchons-nous avec le Christ à travers la vie en nous dirigeant vers le ciel. Il est particulièrement beau et significatif de voir les fidèles, pendant le chant de l’Évangile et pendant le Canon, tenir leurs cierges allumés à la main. Quel est le sens de cette cérémonie ? A l’Évangile et au Canon, le Christ est présent parmi nous. C’est pourquoi, à la grand’messe, on porte à ces deux moments les cierges et l’encens. Mais aujourd’hui, l’Église nous dit : il faudrait qu’à chaque messe, vous portiez des cierges à la main ; d’ordinaire, les acolytes vous remplacent, mais aujourd’hui vous remplirez ce ministère du sacerdoce général. Ainsi la messe d’aujourd’hui est une véritable messe de « Chandeleur » presque la seule de l’année. Célébrons donc avec joie le Christ notre Lumière. Amen