La Liturgie, en son automne, nous montre le Christ à son retour, et aujourd’hui, comme roi miséricordieux et magnanime dans le pardon, sévère dans le jugement. Si nous voulions définir ce dimanche, ce serait : la vie chrétienne à la lumière du second avènement.
Le second avènement du Christ est le grand jour de la reddition des comptes ; Dieu est royal dans le pardon ; il est prêt à pardonner ici-bas les péchés si nous pratiquons le pardon dans la charité. Si donc nous voulons obtenir un jugement de miséricorde, nous devons nous assurer dès ici-bas la possession de la charité qui pardonne, afin qu’elle plaide pour nous. Ceux qui sont durs et impitoyables seront sévèrement punis. L’acte magnanime que le Roi Jésus a accompli jadis en mourant sur la croix est rappelé aujourd’hui au Saint Sacrifice ; il nous remet la dette immense de nos péchés ; en retour de ce don, nous devons pratiquer l’amour du prochain.
L’Offertoire de cette messe est particulièrement beau ; il constitue aujourd’hui tout un récit : la patience de Job, une illustration de l’Épître. Ce Job patient, c’est l’Église ; c’est nous aussi ; il représente les combats de la vie ; l’enfant de Dieu est sur terre un enfant disgracié que « Satan cherche afin de le tenter ». Par conséquent, ne nous attendons pas à trouver le bonheur sur terre ; la souffrance est une grande grâce de Dieu qui nous permet de demeurer sur terre en étrangers; que les amertumes de la vie soient notre offrande au Saint Sacrifice. Et dans l’antienne de la communion, notre âme laisse échapper un cri d’ardent désir vers la terre de notre espérance, hors du champ de bataille de la vie d’ici-bas.
La messe de ce dimanche peut être illustrée par une image formant triptyque : au milieu, le divin Juge à son second avènement (Ev.) ; d’un côté, le combattant revêtu de son armure, au mauvais jour (Épître) ; de l’autre, Job, l’homme patient (Off.). En découlent trois leçons : la Vie chrétienne à la lumière du second avènement, en rapport avec : a) l’amour du prochain (le pardon dans la charité), b) le combat dans la tentation, c) la patience dans les souffrances.
a) Au milieu se tient donc le Juge éternel ! Il nous faut examiner la saisissante image. Le Juge si miséricordieux et pourtant si sévère ! D’un mot il nous remet l’énorme dette — mais nous ne voulons pas pardonner aux hommes leurs légères offenses. Tout se révolte en nous devant cette comparaison, et nous considérons comme une juste satisfaction que l’homme impitoyable soit puni. Et pourtant, cet homme, c’est nous ! Leçon : Nous devons pratiquer le pardon charitable si nous voulons trouver un juge clément. Le Christ a fixé cette leçon dans le Notre Père…
b) La vie est un combat ; ce fut le thème de plusieurs dimanches après la Pentecôte ; toutefois, il est exposé aujourd’hui en considération de la fin. C’est la volonté de Dieu que nous gagnions le ciel en combattant (« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »). Nous sommes dans l’Église militante. L’ennemi, c’est le démon, le monde, la chair, le moi. Toutefois, dans ce combat nous ne sommes pas seuls. L’Église nous arme (l’épître nous revêt d’une armure complète). La messe du dimanche est la meilleure école de combat pour le combat de la semaine : La parole de Dieu, dans la première partie de la messe, est pour nous bouclier et épée ; le sacrifice et la communion nous donnent force et grâce. L’immolation du Christ est l’expression la plus haute du combat héroïque de notre chef, le Christ, sur le champ de bataille du Golgotha.
L’Église nous donne donc une triple leçon à la lumière de la justification passée : pratiquons le pardon charitable ; combattons le bon combat et persévérons dans la patience comme Job. Amen