Le dimanche du Bon Pasteur est depuis longtemps le dimanche où nous sommes invités à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses.
Ce qui me donne l’occasion de vous faire remarquer qu’avec Jésus, ce n’est plus la Loi de Moïse qui a le dernier mot de la vie, même si toute loi doit garder sa valeur et sa place pour construire une vie sociale et religieuse ensemble. Il ne s’agit donc pas de supprimer la Loi, mais désormais, ce que Jésus place au-dessus de tout, c’est l’Amour infini du Père pour chaque être humain, et nous savons que d’affirmer cela, ça lui a coûté la vie.
L’Amour de Dieu à l’égard de tout être humain, est au-dessus de la Loi de Moïse. Cet Amour de Dieu pour chaque personne quelle qu’elle soit, quelle que soit sa religion, quelle que soit sa race ou son histoire, n’est ni de la mièvrerie, ni de la permissivité…Toute personne est une histoire sacrée, et unique dans le cœur de Dieu quel que soit son chemin sur la terre.
Alors, la vie consacrée est le sacrement de cet Amour de Dieu pour chaque personne de la création.
Pour expliquer le sens du mot « sacrement », je vais prendre un exemple très terre à terre, même s’il est imparfait : imaginons une rivière devant nous…nous voyons l’eau qui coule, mais nous ne voyons pas la source qui existe forcément en amont, et sans cette source, il n’y aurait pas de rivière, la rivière serait alors un chemin… La rivière actualise et rend présente devant nous une source que nous ne verrons peut-être jamais de nos yeux de chair. La rivière est sacrement d’une source que nous ne voyons pas.
Transposons maintenant cet exemple à la Vie Religieuse et à l’Amour de Dieu : l’engagement d’hommes et de femmes dans la vie consacrée, par sa radicalité, est sacrement de l’Amour de Dieu pour chaque être humain, sacrement de la tendresse de Dieu pour chacun des hommes et chacune des femmes de notre terre. Il est important de dire aussi que, pour être sacrement de l’Amour de Dieu au cœur du monde, il faut bien sûr s’être engagé, par amour, dans la vie religieuse ou consacrée… C’est toujours l’amour qui fonde tout engagement quel qu’il soit. Oh ! bien sûr, les religieux, les religieuses ainsi que les personnes de vie consacrée, ne sont pas des êtres parfaits ni des supermans ; c’est bien au cœur de ce qui fait leur vie affective quotidienne, au cœur de leurs rapports aux biens de la terre, au cœur de leurs relations aux autres qu’ils ont à vivre leurs engagements premiers et à répondre à ce que Dieu attend d’eux….et ceci avec certainement beaucoup d’enthousiasme, mais aussi souvent avec beaucoup de tâtonnements…C’est avec toute leur humanité, parfois bien fragile, qu’ils essaient d’être, par leur engagement dans la vie consacrée, sacrement de l’Amour de Dieu au cœur du monde.
Je sais, par expérience, qu’ils continuent de vivre la fidélité à leur engagement de vie religieuse, pour d’autres raisons, souvent, que celles pour lesquelles ils se sont engagés au départ. Chacun(e) de nous nous évoluons au cours de notre vie : nous sommes des vivants…et le monde aujourd’hui évolue aussi très très vite. La vie religieuse ou consacrée sera toujours, par sa nature, sacrement de la Tendresse de Dieu au cœur de ce monde, mais la façon de la vivre aujourd’hui n’est pas tout à fait la même qu’il y a simplement quelques années : engagés dans la vie consacrée, ils ont à inventer leur fidélité dans les réalités du monde de notre temps pour pouvoir être signe visible et perçu par ceux qui les entourent.
Aussi, dans beaucoup d’instituts, les personnes ont vieilli, et sont également moins nombreuses… Notre monde d’aujourd’hui est entré dans une ère de relations extrêmement complexes ; les relations tissées sur internet nous font penser à une toile, comme une toile d’araignée où tout s’entrecroise et tout s’interpelle ; les hommes fonctionnent désormais par réseaux et non plus par voisinage ; la mondialisation envahit nos écrans, et elle envahit aussi toute notre vie économique et sociale ; sur le plan religieux, chaque personne est en mesure de côtoyer de nombreuses religions même au sein d’une même famille où l’inter-religieux devient de plus en plus fréquent ; et puis aussi en France, tout particulièrement, la sécularisation avance à grand pas, c’est-à-dire une conception de la vie sans Dieu.
C’est bien au cœur de cette vie-là que les personnes engagées dans la vie religieuse ou dans la vie consacrée, témoignent quotidiennement et très humblement de l’Amour de Dieu pour toute personne humaine de tous les lieux et de tous les temps. C’est dans la vie du monde d’aujourd’hui que les religieux, les religieuses, les personnes de vie consacrées, continuent de former des petites communautés locales, de s’enraciner par des relations de proximité : la force de leur témoignage ne passe pas d’abord par leur nombre ou leur âge, mais bien par la qualité de leur relation à Dieu et par la qualité de leur présence au milieu des hommes… Plus que jamais, la vie religieuse et consacrée est nécessaire au monde et à l’Église, pour leur donner sens et vie. Un monde sans Dieu serait comme une terre sans lumière.
La vie religieuse et consacrée n’est pas née à la suite de projets pastoraux, elle n’est pas née non plus, d’une décision du pape ou des évêques, (la plupart du temps ceux-ci ont été mis devant le fait accompli…il suffit de regarder comment se sont fondées la plupart des Congrégations religieuses), mais ce qu’il est important de dire, c’est que la vie religieuse et consacrée est don de l’Esprit au cœur de l’Église, souffle et force de Vie de Dieu au cœur du monde.
Il est bien clair aussi que tout le monde n’est pas appelé à vivre la vie religieuse ou consacrée, et que tout autre engagement en tant que chrétien a un rôle indispensable pour la construction du Royaume de Dieu, mais, par contre, chacun(e) de nous est invité à vivre son propre engagement de vie dans la fidélité à ce que Dieu attend de lui ou d’elle, dans le quotidien des joies et des souffrances qui habitent le cœur de tout être humain.
Seigneur, fais de nous tous des TÉMOINS DE TON AMOUR ! Et écoute nos prières pour les Vocations. Amen