Grand et admirable mystère ! L’enfant est circoncis, et on l’appelle Jésus. Que signifie ce rapprochement ? La circoncision semble faite, en effet, plutôt pour celui qui doit être sauvé que pour celui qui sauve ; n’est-ce pas le Sauveur qui devrait circoncire plutôt qu’être circoncis ? Mais reconnaissez ici le médiateur entre Dieu et les hommes, qui, dès les premiers jours de son enfance, rapproche les choses humaines des choses divines, ce qu’il y a de plus bas de ce qu’il y a de plus élevé. Il naît d’une femme, mais d’une femme en qui le fruit de la fécondité ne fait point tomber la fleur de la virginité. Il est enveloppé de langes, mais ces langes mêmes sont honorés par les cantiques des Anges, il est caché dans une crèche, mais il est annoncé par une étoile qui brille dans les cieux. En même temps que la circoncision prouve la vérité de l’humanité qu’il a prise, son nom, qui est au-dessus de tout nom, indique la gloire de sa majesté, il est circoncis comme un véritable fils d’Abraham, il est appelé Jésus comme le vrai Fils de Dieu.
Mon Jésus ne reçoit pas un nom vide et sans effet, à l’instar de ceux qui
l’ont reçu auparavant : porté par lui, ce grand nom n’est plus une ombre,
il exprime la vérité. L’Évangéliste assure qu’il fut apporté du ciel, ce nom
que l’Ange lui avait donné avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
Faites attention à la profondeur de ces paroles : « Après que Jésus
fut né. » Il est appelé Jésus par les hommes, lui à qui l’Ange a donné ce
nom avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Il est en effet tout à la
fois et le Sauveur de l’Ange, et le Sauveur de l’homme : Sauveur de
l’homme, depuis l’incarnation ; Sauveur de l’Ange depuis l’instant de sa
création. « II fut, dit l’Évangéliste, nommé Jésus, nom que l’Ange lui
avait donné. » « Toute parole est avérée sur la déposition de deux ou
trois témoins. » Et cette parole même, abrégée dans les Prophètes, se lit
ouvertement dans l’Évangile qui nous montre le Verbe fait chair.
C’est avec raison que l’enfant qui nous est né est appelé Sauveur,
à sa circoncision : c’est alors effectivement qu’il commence l’œuvre de
notre salut en versant pour nous son sang immaculé. Les Chrétiens n’ont donc
plus à chercher pourquoi le Seigneur Jésus-Christ a voulu être circoncis ;
il l’a été pour la même raison qui l’a fait naître et souffrir. Rien de tout
cela n’était pour lui, mais tout était pour les élus. Il n’est pas né dans le
péché, il n’a pas été circoncis pour être guéri du péché, il n’est pas mort
pour son péché, mais à cause de nos fautes. « C’est le nom, dit
l’Évangile, dont l’Ange l’avait appelé avant qu’il fût conçu dans le sein de sa
mère. » Il est appelé de ce nom ; ce nom ne lui est pas imposé, il lui
appartient de toute éternité. C’est de sa nature propre qu’il tient d’être
Sauveur : ce nom est à lui dès avant sa naissance : il ne le reçoit
d’aucune créature angélique ou humaine.
Que notre
voix, ô Jésus ! vous proclame ; que notre vie exprime vos vertus,
que nos cœurs vous aiment, et maintenant, et toujours. Amen.