Leave a comment

4ème dimanche après Pâques 2023

   « Il vous est utile que je m’en aille ! » Il y avait bien là de quoi surprendre les apôtres. Si faibles, si inconstants, si peu instruits du Royaume de Dieu ! Quelques instants avant de prononcer cette parole Jésus avait averti St Pierre de sa grave défaillance : le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois !… Et il avait fait ce reproche à Philippe : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ?…

   Alors, que cela nous paraît choquant d’entendre Jésus proclamer : Il vous est utile que je m’en aille ! Et pour ne pas laisser croire que c’était une parole risquée, une façon de dire, Jésus avait fait précéder cet avertissement de cette formule quasi solennelle : « Mais moi je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille. » Puisque c’est une vérité, puisque c’est la vérité exprimée par Notre Seigneur, cherchons à comprendre.

   La grande raison pour laquelle son départ est utile, expédient, c’est nous dit-il « si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ! » Qui est ce Paraclet ? Nous savons que ce mot désigne le Saint-Esprit. C’est un vocable grec qui désigne « celui qu’on appelle auprès de soi pour lui demander conseil ou secours » et qui manifeste ainsi le rôle tenu par un avocat conseil ou un avocat défenseur.

   Si Jésus se retire, il ne va donc pas laisser les siens démunis : voilà une première sécurité. Mais tout de même ne serait-il pas aussi utile, aussi expédient pour les Apôtres de garder encore longtemps, visiblement, auprès d’eux leur Maître Jésus, si bon, si vigilant, si patient ?…

   Nous entrons là, mes frères, dans le mystère de l’authentique surnaturel. La vie de foi est ici-bas une vie supérieure qui a des avantages tels que le Seigneur n’a pas craint d’affirmer à St Thomas : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. » Aussi réconfortante que puisse être une présence sensible, elle peut encore faire écran : à cause d’elle on s’arrête à ce qui se voit, ce qui se palpe, ce qui s’entend, on risque de ne pas voir au fond des choses : la présence visible de Jésus, nécessaire, indispensable pour lancer ses Apôtres et attirer les premières foules de fidèles, cette présence n’avait pas tout arrangé : les ennemis de Jésus avaient refusé sa dignité de vie, son enseignement magistral et lumineux, ses miracles éclatants, sa bonté et sa patience ; les amis de Jésus, eux, s’étaient arrêtés à des pensées futiles de domination terrestre, de triomphe facile. Jésus parti, le Paraclet détendrait tous les ressorts cachés de l’intelligence et de la volonté, mettrait en mouvement la pure charité du cœur, dévoilerait tous les secrets des âmes.

   Jésus va donc s’en aller : il fait la promesse du Paraclet. Mais puisqu’il est le Paraclet « celui qu’on appelle » il va falloir que les Apôtres, si vite satisfaits d’eux-mêmes, si prompts à suivre leurs impulsions plus que de se plier au sens de Dieu, il va leur falloir soupirer après les dons de l’Esprit Saint, en exprimer le désir après en avoir reçu la promesse. Les deux choses peuvent très bien aller de pair. Plus la promesse se fait grande, prometteuse de bien, plus le désir de la voir réaliser devient ardent. Et voilà nos apôtres qui, comme le prophète Daniel jadis (Dan 9/23), vont devenir des hommes de désirs et comme le prophète recevront les révélations qui leur permettront d’entrer enfin dans la connaissance véritable de Dieu et de ses desseins sur les hommes.

   Tout cela, il était bon d’y réfléchir. Nous allons à présent préparer notre Pentecôte. Il nous faut donc découvrir au plus profond la pensée de Jésus sur le rôle de l’Esprit Saint et son action en nous.

   Commençons simplement, humblement, par nous rétablir l’âme en état de désir. « Nous ne risquons pas, disait un auteur spirituel, nous ne risquons pas d’exagérer l’importance du Saint Désir. Si les saints ne furent pas des chrétiens médiocres, mais des saints, c’est-à-dire des martyrs, des confesseurs, des vierges ou des saintes femmes (et il faut arriver à nous caser dans l’une de ces catégories !), l’une des raisons déterminantes c’est qu’ils avaient désiré sans relâche ne jamais échapper à Dieu… En accordant aux saints et aux saintes de devenir ce qu’ils sont devenus, le Seigneur a exaucé une prière ardente et inextinguible qu’il ne cessait lui-même d’inspirer. « Clamaverunt ad Dominum et exaudivit eos (Ps 105) » (P. Calmel Itinéraires 125/1968/ p. 311)

   Dans notre effort d’attente du don de l’Esprit Saint Paraclet, commençons par nous mettre en état de le désirer ardemment, uniquement. Le désirer pour ne pas lui échapper. Le désirer pour qu’il soit touché par ce désir inlassable !

   Si je m’en vais, je vous l’enverrai : Jésus s’en est allé, il nous a envoyé le Saint-Esprit. Et puisque nous revivons inlassablement ses mystères, attendons de nouveau le Paraclet. « Veni Creator Spiritus…Qui diceris Paraclitus. » Amen

Leave a Reply

Your email address will not be published.