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19ème dimanche après la Pentecôte 2022

   Avec la double autorité d’un grand Docteur et d’un grand Pape, Saint Grégoire, au nom même de l’Église, explique ainsi l’Évangile de ce dimanche :

   « Dans le saint Évangile l’Église présente est maintes fois nommée le Royaume des Cieux ; car on appelle Royaume des Cieux l’assemblée des justes. Le Seigneur en effet dit par le prophète : « Le ciel est mon trône ». Et Salomon assure que l’âme du juste est le trône de la sagesse. Paul aussi dit que le Christ est « puissance de Dieu et sagesse de Dieu ». C’est à nous de faire le lien : si Dieu est la sagesse, et l’âme du juste, le trône de la sagesse, vu que le ciel est appelé trône de Dieu, l’âme du juste est donc le ciel. Ceci est dit par le psalmiste à propos des saints prédicateurs : « Les cieux racontent la gloire de Dieu ».

   Le Royaume des Cieux est donc l’assemblée des justes (ecclesia) : car déjà le Seigneur règne en eux comme dans les cieux : du fait qu’ils soupirent après les choses d’en haut, leur cœur ne recherche rien sur la terre. On peut donc dire : « Le Royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. » Vous comprenez déjà qui est ce Roi, père du Fils Roi. N’est-il pas celui à qui le psalmiste dit : « Dieu, donne au Roi ton jugement, et ta justice au fils du Roi ». « Il célébra les noces de son fils. » Dieu le Père célébra les noces de Dieu son Fils, quand il l’unit à la nature humaine dans le sein de la Vierge ; quand celui qui est Dieu dès avant les siècles, il a voulu le faire devenir homme à la fin des temps. Mais, bien que, normalement, cette union nuptiale se fasse entre deux personnes, qu’il soit banni de nos esprits de croire que la personne du Dieu-homme notre Rédempteur Jésus Christ, soit l’union de deux personnes.

   Nous disons que le Christ est constitué de deux natures et en deux natures ; mais gardons-nous bien, comme interdit, de croire qu’il est composé de deux personnes. On peut dire plus clairement et plus sûrement que le père célébra les noces du Roi son Fils quand il lui unit la sainte Église par le mystère de l’Incarnation. Or le sein de la Vierge Mère fut la chambre nuptiale de cet Époux. Aussi le psalmiste dit-il : « Dans le soleil il a dressé sa tente, il est comme l’époux qui sort de la chambre nuptiale ».

   Malgré sa qualité d’Épouse chérie du Fils de Dieu, l’Église n’en est pas moins sujette ici-bas aux tribulations. Les ennemis de l’Époux, ne pouvant plus atteindre directement le Seigneur, portent sur elle leur rage. Le Seigneur voit dans ces épreuves, supportées par l’Église avec amour, un nouveau trait de cette conformité qu’elle doit avoir avec lui en toutes choses ; il la laisse donc souffrir en ce monde, se contentant de la soutenir toujours et de la sauver, comme le dit l’Offertoire, au milieu des maux qui vont croissant autour d’elle.

   La fin principale de la prédestination des âmes au banquet béatifique, c’est la glorification suprême du Christ en tant que premier-né de la famille humaine et chef de l’Église. De fait, Jésus ressuscité des morts et élevé à la droite de Dieu le Père transmet sa vie et sa sainteté aux membres de son corps mystique, en sorte que l’Église soit sa vivante image comme II est lui-même celle du Père. Ainsi, selon la pensée de l’Apôtre, Dieu sera finalement tout en tous, et ce parfait unisson sera l’hymne béatifique qui retentira dans le ciel durant toute l’éternité, hymne composée de ces deux mots : Amen, alléluia.

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